Si l'on posait à la doxa la question : « satisfaire tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ? », il est fort probable qu'elle opinerait. En effet, qui n'aimerait pas assouvir tous ses désirs. Ici, il est question de la totalité de nos désirs, c'est-à-dire de nos manques éprouvés qui sont de tous ordre et qui relèvent de tous domaines. Quant à l'expression « bonne règle », elle relève d'un double sens (...)
[...] La formule stoïcienne reprise par Descartes : Vaincre ses désirs plutôt que l'ordre du monde le dit bien. Ce qui dépend de nous : nos pensées, nos jugements, nos affections, nos représentations, nos goûts sont en notre pouvoir. Mais la santé, le corps, la beauté, la richesse ou encore en général le jugement d'autrui doivent laisser le stoïcien indifférent car ils sont extérieurs à son libre- arbitre et à sa volonté. L'homme demeure donc partagé entre la valeur morale de son action et la satisfaction que cette action peut lui procurer. [...]
[...] L'exemple montre que le caractère cyclique du désir, la représentation idéale qu'il donne du réel, veut transcender le temps. Mais le principe de réalité a tôt fait de se rappeler à l'homme. A trop avoir vécu dans le désir, on en finit par oublier sa vie. On passe à côté. Comment une créature soumise à la temporalité peut-elle convertir le désir en une fin en soi ? Il faudrait alors considérer le désir comme un moyen et non une fin en soi. [...]
[...] La sagesse se définit par une acceptation matérialiste de l'ordre naturel. La sagesse se situe dans la médiété entre le ni trop et le ni trop peu. Le bonheur n'est donc pas le culte du désir comme fin en soi, mais son analyse pondérée et réfléchie. L'appétit de ce qui ne peut que conduire l'homme à l'insatisfaction (gloire, honneurs, richesses) se doit d'être refusée pour que le bonheur puisse valoir comme la fin authentique et véritable du désir. La vie heureuse est donc celle qui est fondée sur la raison. [...]
[...] Au contraire, elles sont rendues morales et bonnes par la puissance de notre désir. Développer une prédisposition naturelle qui participera de son évolution, voilà qui procure le bonheur, sa durabilité, sa pleine actualisation. Ici, la force du désir n'est pas exténuée ou bridée par la raison. Le désir est rationnel car l'homme ne peut désirer ce qui lui serait contraire ou le rendrait malheureux. Tout n'est pas désirable et la subjectivité comme le mode de réalisation de chaque désir relève d'un choix réfléchi qui réalise une individualité mais aussi sa participation à une communauté. [...]
[...] Les désirs se succèdent sans jamais trouver de trêve ou de fin. Le désir est à lui-même sa propre raison ou justification. Il lui suffit d'être, sans cause particulière, pour exercer son pouvoir dans l'esprit de l'homme. L'impossibilité d'assouvir tous nos désirs relèverait également de la durée nécessaire pour en atteindre l'essence même. Le désir est d'emblée projeté dans le futur, il se réalise éventuellement au présent, puis s'efface dans le passé. Toute cette réalisation demande du temps. Le désir est donc évolutif et ne peut en aucun cas s'assimiler à une question de rapidité. [...]
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