À première vue, je désire ce que je n'ai pas : quelque chose me manque et j'en souffre. Il semble alors naturel que je souhaite satisfaire mes désirs. Toutefois, une telle satisfaction est-elle toujours possible ? N'existe-t-il pas, au moins, des rêves irréalisables ? Ou des désirs mauvais, inquiétants, qu'il vaudrait mieux ne pas réaliser ? Dès lors, doit-on vraiment souhaiter satisfaire tous ses désirs ? (...)
[...] Dès lors, v doit-on vraiment souhaiter satisfaire tous ses désirs ? Un principe d'existence : satisfaire tous ses désirs. Dans le Gorgias de Platon, Socrate félicite le sophiste Calliclès en ces termes La franchise de ton exposé, Calliclès, dénote une belle crânerie : tu dis nettement, toi, ce que d'autres pensent mais ne veulent pas dire [ . Tu soutiens qu'il ne faut pas gourmander ses désirs, si l'on veut être tel qu'on doit être, mais les laisser grandir autant que possible et leur ménager par tous les moyens la satisfaction qu'ils demandent et que c'est en cela que consiste la vertu (trad. [...]
[...] DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir. Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin. Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). [...]
[...] L'homme, en tant qu'être rationnel, (et le sage en particulier, qui accède pleinement à sa propre rationalité) a une dignité plus grande que n'importe quel être. Les stoïciens ne disent pas que la vie ne vaut rien, ils essayent au contraire de montrer à quelles conditions la vie prend toute sa valeur. Ainsi le Sage souhaiterait-il satisfaire tous ses désirs, mais en désirant le moins possible. Aux troubles de la jouissance, à ses ambiguïtés, il préfère l'absence de passion, un bonheur sans inquiétude, l'ataraxie. SUPPLEMENT: Le discours de Calliclès. [...]
[...] Comme nous n'avons pas de prise sur elles, nous devons réciproquement nous défaire de l'idée qu'elles peuvent avoir une importance pour nous. La morale stoïcienne est une morale du réalisme. Le sage doit reconnaître ce qui est réel, et s'en tenir là. Les illusions véhiculées par nos peurs et nos espoirs fous doivent être abandonnées, car ce sont elles qui nous plongent dans un trouble permanent. La phrase d'Épictète nous donne un exemple de morale rationnelle classique [voir aussi Épicure], sans recours à une tradition religieuse. [...]
[...] Ainsi, pour Calliclès, en un sens, tous les hommes souhaitent satisfaire tous leurs désirs. Tous ne l'avouent pas. Certains affirment même le contraire. C'est que, ne pouvant fournir à [leurs] passions de quoi les contenter, [ils font] l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté Ils ont honte, ils veulent cacher leur propre impuissance (ibid., p. 235). Calliclès, lui, ne se contente pas de souhaiter vaguement une telle satisfaction. Il souligne qu'il faut en être capable [ . [...]
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