Dissertation de philosophie entièrement rédigée traitant la question suivante : Nos désirs peuvent-ils être comblés ? La question implique la définition classique du désir comme manque mais elle porte aussi sur les désirs (au pluriel) : il ne s'agit pas seulement de savoir si un désir peut être comblé, mais si l'ensemble des désirs possibles d'un individu peuvent être satisfaits. Si tous les désirs étaient comblés, cela mènerait-il nécessairement au bonheur ?
[...] On peut donc commencer par se demander si le désir est un manque (si on ne le définit pas de la sorte, l'idée même de le combler perd sa validité) de nature telle que, une fois satisfait, l'individu puisse s'établir dans une situation durable. L'exemple le plus banal invite à penser qu'il n'en va nullement ainsi : la gourmandise est sans cesse renaissante, et donc insatisfaite. Pour le gourmand, il ne saurait suffire de manger le gâteau à la crème qu'il désire ; il lui faut recommencer le lendemain, ne serait-ce que pour retrouver les sensations vécues, et son plaisir. Tout désir parait obéir à ce cycle de satisfaction éventuelle et de réapparition. [...]
[...] C'est que les sources du désir sont indépendantes de sa conscience. Il n'est pas nécessaire de considérer que tout désir n'est qu'une expression plus ou moins déguisée de la libido pour admettre que les sources des désirs sont inconscientes. Le collectionneur aura beau raconter que s'il collectionne les poupées de foire, les boites de camembert ou les porte-clefs, c'est parce qu'il a été marqué par la poupée de sa grand-mère ou les images perçues dans son enfance ; encore faudrait-il savoir pourquoi ce qui a ainsi été vécu (par lui et non par son frère ou son cousin) l'a ainsi déterminé, c'est-à-dire comment cela a produit dans son histoire inconsciente une résonance déterminante. [...]
[...] Ainsi le désir de consommation (de standing, de symboles de promotion sociale) ne peut-il être que momentanément comblé. Il est en fait conçu pour être périodiquement ravivé, et c'est bien par une action d'abord extérieure au sujet. III) La satisfaction suppose le discours La consommation est peut-être synonyme d'aliénation, mais elle peut aussi apparaître, pour ceux qui s'y adonnent, comme authentiquement bénéfique ou satisfaisante. C'est toutefois à la condition que la façon dont elle comble le désir (même suscité) soit connue de l'autre. [...]
[...] Il est aussi inscrit dans le désir lui-même, si la satisfaction demeure singulière. Alors même que l'on pourrait considérer que la satisfaction d'un ou des désirs est égoïste puisqu'en apparence elle ne concerne qu'un sujet, elle est animée d'un mouvement, d'un autre désir qui l'amène à devoir être connue et reconnue des autres, faute de quoi elle est privée d'un dimension qui en constitue peut-être la réalité la plus insistante. Conclusion Si, par l'hypothèse, on admettait que la satisfaction des désirs équivaut au bonheur, on devrait encore se demander si ce bonheur pourrait être ressenti par un individu s'il n'était pas connu au moins d'un autre. [...]
[...] Le mythe enseigne que la satisfaction la plus profonde est toujours différée, et que le désir de la conquête amoureuse est sans fin. II) Le désir échappe à la conscience du sujet Il est banal d'affirmer que, perçues de l'extérieur, par un regard étranger, les causes d'un désir semblent énigmatiques, sinon incompréhensibles. Qu'est-ce qui suscite chez un collectionneur, même d'objets modestes, le désir d'accroître sa collection ? On pourra juger son comportement absurde, mais lui-même serait bien incapable de le justifier autrement qu'en faisant allusion à l'excitation ressentie lors de ses recherches ou au plaisir que lui apporte le fait d'accumuler. [...]
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