Dissertation philosophique (Terminale) traitant du sujet suivant : "Nos désirs peuvent-ils être comblés ?".
[...] Tout désir est donc destiné à se reproduire, dans le social et dans le langage] Il apparaît alors que le manque n'est pas seulement ce qui, classiquement, provoque le désir, ou ce qui est produit pour le provoquer. Il est aussi inscrit dans le désir lui-même, si la satisfaction demeure singulière. Alors même que l'on pourrait considérer que la satisfaction d'un ou des désirs est égoïste puisqu'en apparence elle ne concerne qu'un sujet, elle est animée d'un mouvement d'un autre désir qui l'amène à devoir être connue et reconnue des autres, faute de quoi elle est privée d'une dimension qui en constitue peut-être la réalité la plus insistante. [...]
[...] Si l'on fait abstraction de ces désirs à l'évidence impossibles à réaliser, peut-on considérer que les désirs plus réalistes peuvent être comblés ? [B. Comment combler ce qui a la capacité de renaître L'idée même de combler quoi que ce soit implique que l'on parvienne à une situation stable : lorsqu'on comble un fossé, la surface obtenue doit rester plane, faute de quoi il faut se remettre au travail. On peut donc commencer par se demander si le désir est un manque (si on ne le défini pas de la sorte, l'idée même de le combler perd sa validité) de nature telle que, une fois satisfait, l'individu puisse s'établir dans une situation durable. [...]
[...] Ne serait-ce que dans la mesure où elle se fonde sur l'interdit de l'inceste qui refoule un désir infantile et le contraint à s'exprimer par des voies détournées ou métaphoriques. Dans cette optique, il devient évident que nos désirs ne peuvent être comblés ; le seraient-ils en apparence qu'ils ne le seraient pas en profondeur. [C. L'usage social du désir joue sur sa répétition] Mais la société ne fait pas que refouler les désirs les plus primaires ; elle les déplace vers des objets économiquement intéressants, et entretien soigneusement leur maintien, en n'en proposant que des satisfaction temporaires. [...]
[...] Tout désir paraît obéir à ce cycle de satisfation éventuelle et de réapparition. Et il ne s'agit pas seulement, en satisfaisant un désir, d'aboutir à un équilibre (comme lorsqu'on se nourrit simplement pour mettre un terme au déséquilibre physiologique) : il est question de profiter de ce qui apporte à l'existence une dimension supplémentaire. [C. Le désir peut détruire son objet, mais se reporter sur un autre] Don Juan lui-même, qu'il aime les femmes, ou comme on peut aussi le dire, l'amour, subit le revers de la gourmandise : comme celui qui consomme son gâteau (et en détruit l'existence), il consomme femme après femme, parce que la possession fait disparaître l'intérêt. [...]
[...] [Conclusion] Si, par hypothèse, on admettait que la satisfaction des désirs équivaut au bonheur, on devrait encore se demander si ce bonheur pourrait être ressenti par un individu s'il n'était pas connu au moins d'un autre. C'est dire que dans tout désir, même comblé, demeure un désir second : celui que l'autre le reconnaisse comme tel. Il est donc impossible que les désirs soient définitivement comblés, dès lors qu'ils entrent dans cette circulation sociale des discours de reconnaissance, par définition extensibles sans limite. [...]
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