L'Homme possède une faculté qui structure son comportement. Celle-ci semble propre à lui-même. Il s'agit du désir. Le désir est une tendance à se rapprocher d'un objet, d'un état ou d'un être. Il provient d'un déséquilibre entre deux situations : celle présente dépourvue de ce dont on désire, et l'autre où ce désir est satisfait est donc vers laquelle on veut tendre. Le désir veut réunir ces deux situations. Tout au long de sa vie, l'Homme aspire à être heureux. Il s'agit d'un état d'euphorie, d'une situation de bien-être total. Ce bonheur, pourtant nécessaire, est souvent difficile à obtenir pour l'Homme. Cela est dû à l'origine même du bonheur qui apparait comme obscure. En effet, les actes de l'Homme semblent conditionnés par le désir. Mais l'Homme recherche continuellement à être heureux. Il apparait donc fondamental de se demander ceci : le désir permet-il à l'Homme d'être heureux ou n'est-il source que de déception ? Il faudra d'abord s'intéresser au fait que le désir provoque bien souvent le malheur de l'Homme par son insatisfaction. Cependant, n'est-ce pas là trop réducteur ? Le désir n'est-il pas plutôt la motivation même de la vie ? Cela constituera un second point de vue qu'il sera intéressant d'étudier. Mais on aboutit alors à une contradiction puisque le désir semble causer le malheur d'un côté, et motiver la vie de l'autre côté. En fait, tout réside dans la maîtrise du désir. Mais comment peut-on parvenir à dominer son désir ?
Le désir peut provoquer un certain malaise chez l'Homme. Il est déstabilisant car il réapparait toujours. Il traduit en fait un manque. Cette idée se retrouve dans Le Banquet de Platon. La question posée dans cette oeuvre est la suivante : qui est Eros ? Aristophane, un des personnages y répond par le Mythe des Androgynes. Au début des temps, il n'existait que deux types d'être : les Dieux et les Androgynes, des êtres doubles (...)
[...] Il ne faut pas se satisfaire de la pulsion du moment. Grâce à la volonté, on peut réfréner le désir. Lorsque l'on fait cela, ce n'est pas pour le faire disparaitre mais pour mieux l'orienter. En ne cédant pas à la pulsion du moment, qui est vive et non réfléchie, on peut diminuer son intensité et la réorienter. On peut modifier ce désir, ce qui conduit alors à un désir réfléchi qui peut nous faire des objets désirables que l'on ne soupçonnait pas mais qui seront pourtant une source de joie. [...]
[...] Cela est possible grâce à un remède, le tetrapharmacon. Ce remède permet d'atteindre le plaisir. Mais pour cela, il faut savoir quels désirs peuvent procurer ce plaisir. Epicure a donc établi une taxinomie qui montre que seuls les désirs naturels et nécessaires doivent être recherchés pour être heureux. Pour savoir si un désir fait partie de cette catégorie, il faut prendre pour critère le plaisir. Ce qui compte n'est pas l'intensité du plaisir, mais qu'il dure le plus longtemps possible. [...]
[...] En fait, celui qui désire fuit le réel. Il se projette vers un avenir jugé réconfortant. Il fait cela car le réel lui déplait ou le déçoit, cela traduit une impatience. Epictète explique que cette fuite du réel correspondant au désir est la marque des gens insensés. Il explique cela au paragraphe 3 de son Manuel : si tu aimes un pot de terre dis-toi que tu aimes un pot de terre, et s'il se casse tu n'en seras point troublé. [...]
[...] Il s'agit en effet d'un principal vital qui permet de n'éprouver que du plaisir dès lors que l'on suit la taxinomie Epicurienne. Enfin, c'est à travers la lutte des désirs propres à chacun qu'apparait une réelle jouissance. On se retrouve donc dans une position contradictoire. D'un côté, le désir cause le malheur et de l'autre côté, il est l'essence de l'Homme. Pour dépasser cette contradiction, il faut savoir comment vivre avec le désir. En fait, on faut savoir orienter ses désirs. [...]
[...] Il va donc distinguer trois sortes d'individus. En premier lieu, il y a les insensés, les fous qui ne connaissent pas les causes de leur malheur. En second lieu, on trouve les apprentis. Ils connaissent les causes de leur malheur mais en ont encore. Enfin, il y a les sages qui, eux, n'ont plus de malheurs. En effet, ils ne désirent plus. Cela leur a permis d'atteindre l'ataraxie. Le bonheur ne réside donc pas dans le désir. Celui-ci traduit un manque qui ne peut être comblé. [...]
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