Au moins depuis Aristote, on a coutume de distinguer possible, réel et nécessaire : le nécessaire, c'est ce qui ne peut pas ne pas être; le réel, c'est ce qui est; le possible, c'est ce qui peut être. De ce point de vue, l'impossible, c'est ce qui ne peut pas être, ce qui n'est pas présent réel, qui ne l'a jamais été et qui ne le sera jamais : l'impossible, ce n'est pas simplement l'irréel voire l'improbable, ce n'est pas seulement ce qui n'est pas, c'est ce qui n'a aucune possibilité d'être. Or comme l'affirmait Leibniz, ce qui ne peut pas être, c'est le contradictoire : un cercle carré est une contradiction dans les termes, et donc une impossibilité absolue (...)
[...] C'est pourquoi d'ailleurs, quant au bonheur, il fait des animaux nos modèles. Mais précisément, comme l'affirme Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit, les animaux ne restent pas devant les choses sensibles comme si elles étaient en soi, mais ils désespèrent de cette réalité et dans l'absolue certitude de leur néant, ils les saisissent sans plus et les consomment Ce qui caractérise les animaux en effet, c'est qu'ils n'ont jamais que des besoins : ils prélèvent dans la nature de quoi les satisfaire et s'en trouvent contents. [...]
[...] Qu'importe alors de vivre cinquante ans ou un millier d'années : un bonheur parfait n'est pas plus intense de durer plus longtemps. Celui qui désire l'immortalité mécomprend donc la nature du bonheur. Pire même : en posant comme désirable ce qui ne l'est pas, il se rend malheureux ici et maintenant, puisqu'il se persuade que son plaisir dépend de quelque chose que de toute manière il n'obtiendra jamais. Les désirs vains sont par nature illimités : ce qui est censé les contenter ne les contente en fait jamais, parce qu'ils en veulent toujours plus. [...]
[...] Dissertation de Philosophie : Est-il absurde de désirer l'impossible ? Introduction : Au moins depuis Aristote, on a coutume de distinguer possible, réel et nécessaire : le nécessaire, c'est ce qui ne peut pas ne pas être; le réel, c'est ce qui est; le possible, c'est ce qui peut être. De ce point de vue, l'impossible, c'est ce qui ne peut pas être, ce qui n'est pas présent réel, qui ne l'a jamais été et qui ne le sera jamais : l'impossible, ce n'est pas simplement l'irréel voire l'improbable, ce n'est pas seulement ce qui n'est pas, c'est ce qui n'a aucune possibilité d'être. [...]
[...] La contradiction du désir Si l'impossible, c'est ce qui n'est pas à présent et qui ne pourra jamais être, alors quel sens y aurait-il à le désirer ? Désirer l'impossible, ce serait désirer l'insatisfaction. Or le désir désire être satisfait et résorber ainsi la morsure du manque. Par suite, il serait impossible de désirer l'impossible comme impossible : en d'autres termes, si l'impossible peut d'aventure nous sembler désirable, c'est parce que son impossibilité même de prime abord ne nous apparaît pas. Quelle est donc cette impossibilité inapparente ? [...]
[...] S'agit-il là d'une contradiction le privant par avance de tous sens ? Non pas si l'on comprend enfin que la satisfaction est plus dans la poursuite que dans le contentement. Et c'est précisément ce qu'affirme Rousseau lorsqu'il soutient qu'on n'est heureux qu'avant d'être heureux C'est en fait l'obtention de ce qu'on désirait qui est toujours décevante. En d'autres termes, le désir est lui-même sa propre fin, et sa propre satisfaction. C'est pour cette raison qu'il est toujours désir de l'impossible, impossibilité qui elle-même n'a rien à voir avec la stricte impossibilité logique (le contradictoire) : ce qui contente le désir, c'est de désirer non un impossible, mais un pur possible, c'est-à- dire une possibilité qui ne se réalisera jamais. [...]
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