Lorsqu'au cours de notre existence s'enchaînent et s'entrecroisent désirs et besoins, leur complémentarité n'en élimine pas moins leurs différences. Alors que la Raison nous incite à limiter nos désirs afin de les ramener à un assouvissement possible qui sera en mesure de nous rendre heureux, et que les limites entre besoins et désirs restent à éclaircir, se pose la question « ne désire-t-on rien d'autre que ce dont on a besoin ? ». Désirer, c'est ressentir une tension vers un objet dont on espère retirer une satisfaction. Cette tension consciente vers un objet que l'on se représente être convenable, est traditionnellement conçue comme l'autre de la Raison. Une ambiguïté demeure cependant dans la définition de la réalité du désir car dans son essence même, le désir poursuit sa propre mort en ce sens qu'il nous fait tendre vers des objets qui, souvent, nous dépassent. Le désir, dès lors qu'il est satisfait, s'éteint pour renaître sous une autre forme. Le besoin, quant à lui, peu être perçu comme une composante restrictive du désir : son caractère auto limitatif le fait se borner aux nécessités naturelles ou sociales de l'homme, celles dont la satisfaction est existante et possible. Ainsi, dormir, boire, manger ou encore se reproduire sont autant de besoins qui déterminent notre condition d'êtres vivants. Enfin, le pronom « on » du sujet se réfère à l'ensemble de l'humanité, au Moi comme à l'absolument Autre, le différent de moi. En quoi désir et besoin sont-ils dissociables ? Peut-on véritablement désirer le besoin ? Lorsque la finalité créatrice et motrice de notre existence est le maintien de la vie, en quoi une concordance entre satisfaction des besoins et renouvellement de nos désirs y participe-t-elle ? Autrement dit, l'homme de désir est-il avant tout un homme de besoin, ou bien aspire-t-il à des objets plus complexes que les besoins des sens ?
[...] Selon Kant, le désir n'est autre qu'une faculté. C'est en cela que le raisonnement de l'auteur dépasse le dualisme substantiel de Descartes, qui dissocie volonté et passion. Si dans le désir, l'homme désire le désir et non les besoins, forme prosaïque de notre désir, comment l'homme atteindra-t-il le bonheur, finalité motrice de notre existence ? Tandis que la complétude du désir peut être atteinte en l'assouvissement de nos désirs par des objets métaphysiques, la philosophie s'apparente alors au désir métaphysique. [...]
[...] Le désir est l'orientation première du sens vers ce que l'homme n'est en mesure que d'effleurer. Il peut aussi le mener à attendre vainement, dans une situation d'anticipation du plaisir. Les désirs, créations capricieuses de notre être, nous poussent à lutter contre les éléments qui obvient à leur satisfaction. La complétude du désir, son ouverture à l'assouvissement, peut exister à condition que le désir soit satisfait par des objets métaphysiques. L'immanence du désir, de notre concupiscence, de nos appétits, s'oppose à la transcendance de nos aspirations profondes. [...]
[...] Par là même, le désir que j'éprouve ne sera jamais que mon propre désir. En outre, l'homme est rendu dépendant de ses besoins, car leur non satisfaction pourrait mettre en péril le maintien de la vie. Parallèlement à l'originalité et à la grande diversité des désirs, les besoins sont déterminés par leur extrême sobriété. Est-il possible de désirer ce dont nous avons besoin ? Il semble que cette sorte de désirs ne puisse s'appliquer qu'à des situations où le strict nécessaire fait défaut. [...]
[...] Par ailleurs, nos désirs nous poussent à vaincre la temporalité, en d'autres termes à lutter contre notre condition même d'êtres voués à la mort. Lorsque les besoins, qu'ils soient naturels ou sociaux, nous invitent à nous maintenir en vie et à poursuivre une hygiène de vie coïncidant avec notre environnement, les désirs, quant à eux, outre la manifestation de la vie qu'ils apportent en notre âme, visent un ailleurs. L'homme assiste alors à une irruption de l'ailleurs dans l'ici. C'est pourquoi l'on définit un hiatus, une rupture flagrante entre la vie que nous menons et notre véritable existence. [...]
[...] Peut-on véritablement désirer le besoin ? Lorsque la finalité créatrice et motrice de notre existence est le maintien de la vie, en quoi une concordance entre satisfaction des besoins et renouvellement de nos désirs y participe-t-elle ? Autrement dit, l'homme de désir est-il avant tout un homme de besoin, ou bien aspire-t-il à des objets plus complexes que les besoins des sens ? De quelle manière se rejoignent et se contrastent les concepts de désir et de besoin ? D'ores et déjà, si l'on peut établir une comparaison entre ces deux notions, c'est qu'elles ont un point de concordance. [...]
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