Le désir ne serait-il pas « l'essence de l'homme » comme le dit Spinoza, ne serait-ce pas lui qui guide nos vies ? L'homme n'est ni animal, ni Dieu, car pur corps, l'homme n'aurait que des besoins et pur esprit, il serait guidé par la seule volonté. Ainsi, le désir est marqué par cette dualité humaine qui fait la spécificité de l'être humain et qui le rend ambigu.
Par conséquent, le désir est objet de multiples approches, en effet celui-ci est une aspiration provoquée par un manque, une tendance permanente de l'être en quête de sa propre affirmation. Il suppose la conscience d'un manque qui traduirait notre imperfection. Cette imperfection provient d'un rapport entre deux ou plusieurs personnes. D'où cette reconnaissance, qui dans toute relation intersubjective, c'est-à-dire entre deux êtres conscients et libres, sous-tend le désir. C'est pourquoi l'on recherche souvent ce qui a du prix pour autrui, ce qui est reconnu par les autres.
Mais nos propres désirs ne peuvent-ils pas être très différents de ceux des autres ? Et si le désir implique l'autre dès les premières expériences relationnelles, son sens peut-il se réduire à une telle détermination ?
[...] En désirant un objet, je désire être celui qui l'utilise et auquel je m'identifie. Je désire l'objet désiré par les autres. Je désire donc que ce qui a du prix pour autrui. Mais la possibilité de concevoir un contrôle des désirs, selon les stoïciens semble permettre, malgré tout une indépendance relative du désir par rapport aux valeurs habituellement reconnues. [...]
[...] De plus, ce qui a du prix, du sens pour autrui n'en a pas forcement pour soi. Les aspirations des êtres sont différentes. Les désirs personnels, spontanés marquent les spécificités de chaque homme, sa singularité. Par exemple, le fait de vivre dans une société développée implique l'éducation, une certaine philosophie de vie, une culture C'est cela et non autrui qui fait qu'on désire telle ou telle chose. En conclusion, le désir est bien une réalité humaine. Il semble difficile d'imaginer un homme dépourvu de désirs, tant ce dernier peut sembler essentiel à l'existence même. [...]
[...] C'est un désir strictement individualiste, qui ne peut être viable très longtemps puisque nous vivons en société ou le rapport à autrui est permanent. Le fait de chercher ce qui a du prix pour autrui, et pas seulement pour moi- même, c'est en fait échapper à une précarité qui rien, sinon autrui, ne me permet de supprimer. Par conséquent, ce que nous désirons sont des signes en provenance des autres qui peuvent nous rassurer sur nous même. Dans ce cas, l'individu ne peut que difficilement échapper à l'emprise d'autrui. [...]
[...] En effet, désirer, c'est toujours vouloir rapporter à soi, posséder. Réaliser ses désirs, sans tenir compte d'autrui et son vouloir, par exemple le viol est la négation de la possibilité de toute vie sociale. Par conséquent, le désir, sans prise en compte d'autrui amène à des choses qui ne sont plus acceptables en société. Dans une autre perspective, Hegel met en lumière le fait qu'il y a un désir de reconnaissance qui règle les rapports entre les êtres. En effet, chacun cherche la plus haute reconnaissance d'autrui. [...]
[...] C'est la dimension sociale du désir. Ainsi, l'implication d'autrui est consubstantielle à la vie en société. Le désir implique autrui dans la mesure où les expériences de satisfaction vécues et stratifiées mettent en jeu d'autres personnes. La genèse des besoins et des désirs, la formation des premières représentations de satisfaction mettent en jeu d'emblée la relation à autrui. Dans la mesure où l'on vit en société, on agirait par mimétisme, Freud parle de trace mimétique laissée par des expériences antérieures de satisfaction. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture