Nous mettons volontiers le désir au singulier, pour désigner une certaine tendance à s'approprier les choses ou les personnes, et qui peut être satisfaite ou non. La satisfaction est alors assimilée au plaisir ou au bonheur : si une attente ou un désir sont déçus, nous sommes malheureux. Aussi le lien s'établit entre désir et bonheur : un faible désir a plus de chances d'être satisfait qu'un désir insatiable. Aussi peut-on croire que le désir doit être limité si l'on souhaite se procurer le bonheur (...)
[...] On peut donc retourner totalement la thèse adverse, et dire que celui qui désire trop toutes choses ne désire lui-même pas assez les choses bonnes. Conclusion L'intérêt philosophique de ce texte tient dans ce qu'il remet en cause l'idée selon laquelle nous devrions modérer notre désir pour atteindre la vertu. Un peu comme dans le texte de Freud, la solution proposée réside dans l'orientation du désir vers les choses qui ne peuvent être excessivement désirées : les choses bonnes, qui dépendent de nous. [...]
[...] Il y a deux raisons pour lesquelles il en va ainsi. Puisque la vertu consiste dans cet objet, et qu'on ne peut pas désirer excessivement la vertu, le désir de cet objet ne peut pas être excessif. Descartes n'explique pas dans ce texte pourquoi la vertu consiste seulement dans le fait de suivre les choses bonnes qui dépendent de nous Cette définition intervient dans ce texte à titre d'hypothèse. Mais l'on peut tenter de la justifier, si on connaît par exemple la définition par Descartes de la générosité (Passions de l'âme, article 153) ; la vertu y est définie par deux éléments : l'homme généreux doit savoir qu'il ne possède en propre que cette liberté de sa volonté, et il doit avoir une constante résolution d'utiliser cette volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures Puisque nous ne pouvons pas être déçus par cet objet, et que nous en obtenons toujours satisfaction, on peut sans risque le désirer sans limites. [...]
[...] que nous en avons attendue Il est important de bien saisir la construction de ce passage. La conjonction car qui l'introduit signale que l'on cherche à justifier l'affirmation qui précède : il faut expliquer pourquoi une distinction des désirs par leurs objets est souhaitable. Plus précisément, d'après ce qui précède, il faut expliquer pourquoi la variété des objets (ce qui dépend de nous, ce qui n'en dépend pas) implique des façons différentes de désirer. Dans le cours de cette justification, intervient une autre conjonction causale : à cause que Il s'agit d'une explication de l'explication précédente. [...]
[...] Aussi peut-on croire que le désir doit être limité si l'on souhaite se procurer le bonheur. Mais cela suppose que tous les désirs sont semblables et peuvent être satisfaits ou déçus de la même façon. Il y a là une erreur qui tient à ce que nous confondons en un tout les objets (les choses du désir, qui doivent pourtant être distingués. Nous préférons le terme d' objets pour désigner les buts du désir, car ce que l'auteur désigne par choses recouvre en réalité des actions, des opérations qu'il faut faire. [...]
[...] Il existe un objet que l'on peut désirer sans limitation : il s'agit des choses qui dépendent de nous et qui sont bonnes. L'auteur explique ce qu'il faut entendre par les choses qui dépendent de nous, et cette explication est capitale pour la suite : il s'agit de ce qui dépend de notre libre arbitre. Cette notion signifie que notre volonté est libre. Aucune cause extérieure (les causes naturelles, les autres hommes, ou même Dieu) ne nous contraint à vouloir telle ou telle chose. [...]
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