Désir, désirer, tendance, conscience, expérience, certitude, certitude intérieure, absence, finalité, Goethe, Schopenhauer, désir amoureux, amour, attirance, passion, instinct sexuel, possession, aspiration, qualités, produit, Cervantès, Don Quichotte, Spinoza, préjugé, vie psychologique, psychologie, effort spirituel, influences, Rousseau, Ascétisme, illusion, modèle, Dieu, vanité, liberté, raison, joie, tristesse, dualité
On peut définir l'action de désirer comme le fait d'éprouver une tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée. « Savoir ce que l'on désire », ce serait alors connaître avec certitude la fin de cette tendance et en avoir conscience ; identifier sans doute l'objet de son désir – plutôt que de l'ignorer ou de croire le connaître – et le garder à l'esprit.
D'où tire-t-on la certitude intérieure de « savoir ce que l'on désire » ? La confiance individuelle dans la capacité à identifier la finalité de la tendance peut cependant paraître suspecte à la lumière de la mécanique du désir. Dans quelle mesure le sujet ignorerait-il dès lors la cible de son aspiration ? Si le désir recèle une part d'illusion, alors la connaissance de l'objet n'est plus une évidence du processus, mais un savoir et un état de conscience à conquérir.
[...] La vérité du désir par l'effort spirituel De prime abord, cet effort pourrait consister à purifier la tendance des influences qui l'orientent vers des objets factices. Puisqu'au moins une partie des aspirations de l'individu lui seraient dictées par ses semblables - son entourage, ses pairs, ou ses grands modèles - et qu'elles seraient en cela inauthentiques, il devrait alors se couper de ces sources, de telle sorte que ses inclinations soient incontestablement les siennes. Autrement dit, il se purgerait des désirs calqués sur ceux d'autrui, il en débarrasserait son esprit dans le but d'identifier ce qu'il vise véritablement. [...]
[...] Et pour cause, l'expérience psychologique transmet à l'homme ordinaire la certitude qu'il identifie précisément les objets de ses aspirations. Ces objets font en effet coïncider la tendance et la souffrance ; ils se distinguent parfois par des caractéristiques très précises ; et ils tendent à monopoliser l'esprit humain. Cependant, ces raisons ne suffisent pas à disqualifier l'hypothèse que l'homme puisse se méprendre sur la destination de ses aspirations. La logique du désir en dissimulerait effectivement l'objet de diverses manières : en lui substituant un objet factice ; en convertissant un enjeu métaphysique - enrichir son identité - en un enjeu physique - satisfaire un penchant ; ou encore, à l'extrême, en cachant la foncière vanité de l'objet. [...]
[...] Il s'agit de la force qui fait persévérer tout chose vitale - y compris l'homme - dans son être et dans la poursuite de son propre accroissement. Or, le désir ne serait rien d'autre que l'expression de cette puissance d'exister à la source du déploiement de la vie. « Le désir, pose le philosophe, est l'essence même de l'homme » (L'Éthique). Désirer, ce serait donc éprouver la force de perpétuation de la nature, à l'égard de laquelle l'objet identifié ne serait qu'un prétexte. [...]
[...] La connaissance du désir est nécessaire pour l'orienter vers sa fin. Descartes, les passions de l'âme ou la dualité du désir. S'il arrive de me tromper d'objet de mon désir, ce n'est pas parce que le désir est mauvais ou aurait tendance à volontiers viser le mal, c'est parce que j'ai mal jugé, à l'origine, de ce qui est bon pour moi et de ce qu'il conviendrait donc de désirer. En clair dès lors que j'ai une claire connaissance du bien et du vrai, la représentation qui éclaire mon désir l'oriente vers ce qui est authentiquement bon pour moi. [...]
[...] Le désir vise par conséquent un objet bien précis, en cela difficile à ignorer. L'obsédé sait très bien ce qu'il désire, il ne connait plus que ça Ne pas savoir son désir est d'autant moins probable que l'aspiration est puissante. Non seulement la fin de la tendance est par définition « connue » du sujet, mais elle peut même monopoliser ses pensées, comme si elle lui interdisait de l'ignorer. L'obsédé sait très bien ce qu'il convoite, il ne connaît plus que ça. [...]
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