Il n'y a pas un désir, « le » désir, mais des désirs extrêmement diversifiés, changeant, pour une même personne, d'un moment à l'autre ou d'une époque à l'autre, mais aussi d'une personne à une autre personne.
Diversité et instabilité : difficile d'en donner une définition commune.
La question « qu'est-ce que le désir » devient souvent une analyse des désirs à suivre et à éviter, en fonction de leur origine ou de leur effet (...)
[...] Nature mixte du désir : anticipation du plaisir, il est aussi mêlé de souffrance souffrance qui peut se reporter soit vers le passé, soit vers l'avenir. Le désir accroît nos inquiétudes et nos souffrances l'ascétisme prend une nouvelle valeur. Mais le désir est aussi ce qui meut les hommes dans la recherche de satisfaction. Le désir : alors condition de tout projet et de toute initiative. Le manque n'apparaît plus alors comme un défaut, mais comme la condition d'une existence arrachée à l'immobilité et vouée au projet. Il faut reconnaître au désir une puissance originelle de création. [...]
[...] Le désir apparaît comme tel quand il porte sur un objet privilégié, le désir d'autrui. Seul le désir qu'éprouve autrui peut m'apporter ce qu'aucun objet ne peut m'apporter : son hommage et sa reconnaissance. Le désir est peut-être l'essence de l'homme. Le désir comme poussée est exactement ce que la psychanalyse a désigné du terme de pulsion le processus dynamique à l'origine de toute activité. Platon, Le banquet, 200a. Le désir est défini ici comme absence ou manque, en établissant qu'on ne peut désirer ce qu'on possède. [...]
[...] Eros éprouve-t-il ou non le désir de ce dont il est amour ? C'est le fait de ne pas posséder ce qu'il désir et ce qu'il aime qu'Eros désire et aime. Pas seulement une vraisemblance, mais une nécessité même du désir : il y a désir de ce qui manque. Est-ce qu'un homme qui est grand souhaiterait être grand ? Mais un homme en bonne santé peut souhaiter être en bonne santé. Cela même qu'il possède, il ne désire pas moins de le posséder. [...]
[...] Désirs exemplaires : la soif, la faim, les désirs sexuels, dans la mesure où ils peuvent être rapportés à une certaine naturalité entre les hommes et les autres vivants. Le besoin apparaît alors comme une norme : parce que le besoin ne réclame que ce qui est nécessaire au corps, il fixe une limite interne à la satisfaction et une mesure contre le risque de l'intempérance. Mais cela révèle, négativement, tout ce qui distingue le désir, qui tend toujours à s'écarter des limites du besoin et va chercher sa volupté dans des satisfactions hors-nature. Le désir est irréductible au besoin. Les yeux plus gros que le ventre. [...]
[...] Désir satisfait : une déception reconnue. Désir non satisfait : une déception non encore reconnue La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd'hui la vie pour prolonger sa misère jusqu'à demain. Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. [...]
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