Désir, culpabilité, souffrance, insatisfaction, manque, faute
On peut associer le désir à quelque chose de répréhensible. En effet, le désir serait artificiel et perçu comme une source de souffrance et une forme d'insatisfaction. Il peut être le signe d'une imperfection et révéler un manque. Ainsi, il semblerait qu'on ne puisse pas tolérer et approuver les désirs, en toutes circonstances. Pourtant, peut-on les condamner pour autant? La condamnation et le blâme supposent qu'il y a une part de volonté dans nos désirs: pour être coupable, il faut être à l'origine de l'intention et de l'action librement, consciemment. Ainsi, cela revient à se demander si nous sommes responsables de nos désirs et si nous pouvons réellement être la source consciente de nos désirs ?
[...] Pourtant la volonté et la raison peuvent s'appliquer à vaincre uniquement des problèmes rationnels. Or, certains de nos désirs, bien que conscients, ne relèvent pas de la raison, comme par exemple le désir amoureux. Le désir est parfois une tendance impulsive, un mouvement spontané de l'organisme. Ainsi, il est nécessaire de comprendre que nous ne choisissons pas nos désirs. Les désirs imaginaires pourraient donc devenir coupables si on ne fait rien pour les chasser. Pourtant, peut-on vraiment réprimer un désir efficacement ? [...]
[...] Descartes, de son coté, affirme que ne pouvant pas changer le cours de la nature et partant du principe qu' il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées il est préférable de vaincre ses désirs plutôt que l'ordre du monde Dès lors intervient la volonté, capable d'influer sur nos désirs afin de les orienter vers ce qu'il nous est possible d'atteindre. Il s'agit donc de se persuader, par la volonté, que tout ce que l'on ne peut pas obtenir en faisant de notre mieux est hors de portée, et qu'il n'y a donc plus lieu de le désirer. De plus, certains désirs nuisent à notre bonheur. C'est donc notre intérêt personnel qui nous conduit à maitriser nos désirs. [...]
[...] Pourtant, bien que nos désirs soient spontanés, l'on sait dorénavant que l'on peut dominer certains de ses désirs par la volonté : si l'on éprouve un désir coupable du point de vue de la morale, on est libre de l'accepter ou de le rejeter. Cependant, dans certains cas, nos désirs prennent le dessus sur notre volonté et bien que le sujet essaye de luter contre ce qu'on pourrait appeler des pulsions il est incapable d'être entièrement maître de ses pensées : le désir rejeté renaîtra sous une autre forme. Ainsi, il est essentiel de faire une distinction entre le désir lui-même et la réalisation de ce dernier, le passage à l'acte. [...]
[...] Cela signifie que si j'éprouve un désir inacceptable qui va à l'encontre des critères moraux, je vais éprouver un sentiment de culpabilité et mon désir sera considéré comme coupable du point de vue de la morale. Pourtant, si je ne suis pas responsable ou conscient de mes désirs, suis-je pour autant condamnable ? La volonté et la raison permettent de régler les désirs. Pour Descartes, les désirs viennent du corps et il serait erroné de croire qu'ils s'agissent en nous comme une fatalité. D'après Epicure, il existe des distinctions entre les désirs. [...]
[...] C'est un être réprouvé par sa conscience, rejeté par sa raison d'être et frustré par son rêve: Phèdre est animée par un désir coupable que réprouve sa propre conscience sans que sa volonté puisse y résister autrement qu'en se laissant mourir. L'identification du désir et de la volonté est impossible: la volonté échoue à changer un désir qu'elle n'a pas voulu. Ainsi, nous ne sommes pas toujours responsables de nos désirs. La notion de culpabilité n'a pas de sens: elle semble provenir d'une méconnaissance de la faculté de désirer. Pour conclure, un désir coupable suppose un désir voulu : dire qu'un désir est coupable équivaut à dire que nous en sommes l'auteur consciemment. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture