Désir, jouissance, Dom Juan, objet désiré, besoin, nécessité, Socrate, apaisement du besoin, mendiant, monde comme volonté, conscience de soi
Dom Juan accumule les conquêtes féminines. Leporello dans le Dom Giovanni de Mozart exhibe triomphalement ses conquêtes féminines dans le fameux air du catalogue, humiliant Dona Elvira en lui infligeant de lire avec lui le catalogue dans lequel il tient le compte de toutes les femmes qu'a aimées son maître. Belles ou laides, « femmes de tout rang », jeunes ou vieilles, brunes, blondes, « maigrelettes », « grassouillettes », toutes, « pourvu qu'elles portent jupes » suscitent le désir de Dom Giovanni. Mais toutes, également, l'éteignent une fois qu'il en a joui et sont abandonnées comme Dona Elvira. Le désir a-t-il la jouissance pour fin ?
[...] Le désir a-t-il la jouissance pour fin ? Dom Juan accumule les conquêtes féminines. Leporello dans le Dom Giovanni de Mozart exhibe triomphalement ses conquêtes féminines dans le fameux air du catalogue, humiliant Dona Elvira en lui infligeant de lire avec lui le catalogue dans lequel il tient le compte de toutes les femmes qu'a aimées son maître. Belles ou laides, « femmes de tout rang », jeunes ou vieilles, brunes, blondes, « maigrelettes », « grassouillettes », toutes, « pourvu qu'elles portent jupes » suscitent le désir de Dom Giovanni. [...]
[...] Si le désir avait la jouissance comme fin, il serait synonyme de besoin. Peut-on ramener le désir au besoin ? Il semble que oui, dès lors que l'on fait du manque leur dénominateur commun. Et dans maints des dialogues socratiques, ils ne sont pas clairement distingués. Ainsi dans le livre IV de la République, Socrate et Adimante de même que dans le Philèbe, Socrate et Protarque conviennent que la faim et la soif sont des désirs, car elles sont la manifestation d'une sensation de vide qui suscite le désir d'être rempli. [...]
[...] Conclusion Le désir a pour fin la jouissance. Mais cette jouissance est moins celle de l'objet sur lequel il s'arrête que la jouissance de lui-même. Comme saint Augustin a pu dire qu'il aimait à aimer, on peut dire que le désir désire désirer et que c'est le maintien de cette tension, cette non-fin, qui constitue sa visée. Plus encore, c'est en autrui, en tant qu'il me renvoie mon désir, que je trouve la certitude de celui-ci et peux le vivre moins comme un manque que comme la conscience de mon existence. [...]
[...] Leur jouissance même est indifférente à Dom Juan. Il lui suffit de savoir qu'il pouvait posséder la jeune fiancée, Mathurine, Charlotte comme il a effectivement possédé Done Elvire. Mais la possession réelle, la jouissance de l'objet désiré n'est pas la finalité du désir, tout au plus, est-elle pour un temps, sa suspension. II. Le désir ne s'écarte-t-il pas du besoin et ne tire-t-il pas précisément sa jouissance de l'absence de l'objet désiré ? Ne faut-il pas, dès lors considérer que le désir s'écarte du besoin en ce qu'il tire précisément sa jouissance de cette indifférence à l'objet désiré, voire de son absence ? [...]
[...] Car, si elle est de l'ordre de l'ailleurs, la jouissance vers laquelle peut tendre le désir se retourne vite en une expérience déceptive, confrontant le sujet à l'inadéquation du désir la réalité. Tel est notamment l'enjeu de l'analyse de Schopenheuer. En effet au regard de cette analyse, s'opposent d'une part le monde comme volonté, c'est-à-dire comme vouloir-vivre, force aveugle et ne répondant en elle-même à aucun désir qui lui préexisterait et la justifierait et d'autre part le monde comme représentation, c'est-à-dire le monde qui se représente à travers une rationalité qui permet de le comprendre et d'y trouver du sens. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture