On s'entend assez aisément sur l'universalité du désir d'être heureux, car personne ne semble souhaiter le malheur. Mais qu'est-ce que le désir d'être heureux ?
Désirer être heureux, c'est tendre consciemment vers une plénitude durable et totale de l'être.
Témoin de notre finitude, il motive notre quête du bonheur, c'est-à-dire notre recherche au travers de tous nos désirs, du bien suprême. Aristote le définissait ainsi "Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d'une autre chose, à l'exception du bonheur, qui est une fin en soi" (...)
[...] Autrement dit, que le bonheur soit une illusion c'est certain, qu'on lui assigne pour but la vertu ou le Souverain Bien est moins important que de prendre conscience qu'il n'est pas un rêve éveillé rendant manifeste l'impuissance de l'individu ; au contraire, il accroît notre puissance : celle d'être heureux. Enfin désirer être heureux c'est accomplir un acte d'espérance. Effectivement l'illusion à l'inverse de l'erreur ne se dissipe pas après avoir été comprise et comprend une part de désir puisque l'on souhaite qu'elle se réalise. Désirer le bonheur, c'est donc faire le pari que le bonheur est possible. [...]
[...] Pour accéder au bonheur, il suffit d'avoir la volonté de ne s'attacher qu'à ce qui est entièrement en son pouvoir. Après tout, être heureux n'est peut- être pas ce que nous imaginons. Si le bonheur dans la satisfaction des désirs est impossible, être heureux ne reviendrait-il pas alors à changer ses désirs ? Descartes nous montre ainsi dans le Discours de la méthode qu'il vaut mieux tâcher toujours plutôt de changer ses désirs que l'ordre du monde. En d'autres termes arrêter de désirer ce qui est au regard de nous impossible Dès lors nous pouvons selon lui être contents. [...]
[...] L'illusion nous aide à endurer le présent en donnant à la vie un sens non plus seulement lié au hic et nunc mais envisagé comme téléologie existentielle en tant que telle. Si nous devions abandonner l'illusion du désir d'être heureux, ce serait abandonner la raison de vivre. Ainsi Nietzsche affirme que l'illusion protège du désespoir et du vide de l'existence. Le bonheur comme illusion n'est pas seulement source d'erreurs, comme on se plaît trop souvent à le répéter, mais aussi et surtout désir de réalisation. [...]
[...] Platon comparait la recherche du plaisir à tenter de remplir un tonneau percé. Rechercher la satisfaction des désirs revient à se condamner à l'insatisfaction perpétuelle. Il ne s'agit pas, à travers un tel jugement de dire qu'on ne peut pas satisfaire un désir, mais de remarquer qu'une fois qu'un désir est satisfait, il se porte sur un autre objet. En d'autres termes, nous ne cessons jamais de désirer puisque comme nous l'avons vu précédemment, cesser de désirer c'est mourir. De plus la satisfaction de ses désirs dépend des conditions extérieures comme l'indique l'étymologie du terme bonheur bon-heur dérivé de augurium qui signifie augure, chance. [...]
[...] Celui-ci à la particularité supplémentaire d'unir l'humanité puisque comme disait Pascal dans La morale et la doctrine «tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient A défaut de courir après le bonheur on peut plus modestement à la manière de Kant tenter de se rendre digne d'être heureux. [...]
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