L'origine étymologique du mot désir est assez curieuse mais très éclairante. Le verbe latin desiderare, d'où il est issu, dérive, avec le verbe considerare, de sidus, qui signifie « étoile ». Ces deux verbes appartiennent à la langue des augures, des présages inspirés par l'observation du ciel étoilé. Considerare, c'est contempler un astre, alors que desiderare, c'est regretter son absence. Le désir, au sens étymologique, c'est le regret d'un astre disparu ; c'est la nostalgie d'une étoile. Déjà ici l'ambiguïté du désir se révèle : d'un côté, cruel constat d'une absence, d'un manque, d'une privation ; de l'autre, pressentiment d'un bien susceptible de nous combler.
Doit-on penser que le désir est la marque de la misère de l'homme ou bien qu'il lui soit bénéfique ?
[...] Epicure, à la suite de Platon, suggère de faire la part entre les désirs qui méritent d'être satisfaits et ceux qui ne le méritent pas. C'est l'affection (plaisir ou douleur) qui servira de règle. C'est donc en comparant et en examinant attentivement ce qui est utile et ce qui est nuisible que l'on pourra distinguer les désirs naturels et les désirs vains, qui plongent le sujet dans une perpétuelle agitation. Quant aux stoïciens, ils proposent l'acceptation de tout ce qui est en supportant les coups du sort. [...]
[...] Il semble qu'aucun objet donné en ce monde ne puisse combler le désir et alors constitue une marque de la misère de l'homme. Toutefois, ne peut-on pas penser que le désir peut être source de bienfaits et par conséquent il ne se limiterait pas à un manque ? Le désir : source de bien-être A l'inverse de Platon, Spinoza refuse de définir le désir à partir de l'idéal dont il serait le manque. Selon lui, le désir est l'essence même de l'homme, l'effort que tout homme déploie pour préserver dans son être Il ne faut pas entendre par là un simple instinct de conservation mais plutôt un instinct de développement et d'épanouissement de soi. [...]
[...] C'est donc un démon, qui tient le milieu entre les dieux et les mortels. Eros ne peut être de nature purement divine : les dieux ne désirent pas, puisqu'ils sont comblés. Mais le désir ne peut être non plus, comme la pauvre Pénia, pure indigence, car l'ignorance a ceci de terrible que quand on a ni beauté, ni bonté, ni science, on croit en posséder suffisamment. Or, quand on ne sait pas qu'on manque d'une chose, on ne la désire pas Si donc l'amour est amour de la beauté, c'est qu'il n'est ni absolument beau, ni tout à fait laid. [...]
[...] Le désir est-il la marque de la misère de l'homme ? Introduction L'origine étymologique du mot désir est assez curieuse mais très éclairante. Le verbe latin desiderare, d'où il est issu, dérive, avec le verbe considerare, de sidus, qui signifie étoile Ces deux verbes appartiennent à la langue des augures, des présages inspirés par l'observation du ciel étoilé. Considerare, c'est contempler un astre, alors que desiderare, c'est regretter son absence. Le désir, au sens étymologique, c'est le regret d'un astre disparu ; c'est la nostalgie d'une étoile. [...]
[...] Aussi le désir est-il premier au regard de l'objet désiré. Nous ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne, mais au contraire nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous la désirons dit Spinoza. Ce qui rend les objets désirables à nos yeux ne se trouve donc pas dans les objets désirés, mais bien en nous-mêmes, en tant que ces objets favorisent ou augmentent notre puissance d'être. Quant au sentiment que nous éprouvons lorsque nous prenons conscience que tel ou tel objet a fortifié notre puissance d'agir Spinoza l'appelle tout simplement la joie. [...]
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