Le progrès technologique, la recherche d'une amélioration constante de la vie tient ce qu'il est convenu d'appeler une "soif" de connaissances, apparemment inextinguible. Dans ces conditions, il est légitime de se demander si la connaissance est suscitée par un désir, que l'on conçoive celui-ci comme une simple pulsion biologique ou comme un manque à combler. La connaissance est-elle l'expression de cet élément dynamique et intime ?
Il conviendra ici de voir en quoi le désir intervient dans la démarche cognitive, d'en déterminer les enjeux, et de tenter d'en comprendre le sens (...)
[...] La connaissance est-elle suscitée par un désir ? Le progrès technologique, la recherche d'une amélioration constante de la vie tient ce qu'il est convenu d'appeler une "soif" de connaissances, apparemment inextinguible. Dans ces conditions, il est légitime de se demander si la connaissance est suscitée par un désir, que l'on conçoive celui-ci comme une simple pulsion biologique ou comme un manque à combler. La connaissance est-elle l'expression de cet élément dynamique et intime ? Il conviendra ici de voir en quoi le désir intervient dans la démarche cognitive, d'en déterminer les enjeux, et de tenter d'en comprendre le sens. [...]
[...] On a plutôt tendance à penser que, placé devant la nécessité de vivre, l'homme choisit de bien vivre, grâce à la connaissance du monde et aux applications techniques qu'elle permet. Pourtant même dans ce cas, la connotation affective du terme "désir" ne disparaît pas, car le désir renvoie en fait à une problématique plus profonde. En effet, qu'il soit vécu comme élan, tension vers, attirance, ou vide à combler, il rappelle avant tout la condition tragique de l'homme dont le destin est la mort. Certains tournent le dos à l'angoisse suscitée par la nécessité de mourir en s'absorbant dans les tâches de la vie ordinaire. [...]
[...] " n'aurait pas alors pour but la connaissance en tant que telle, mais la satisfaction de la passion, ou dit en termes plus généraux, serait la projection dans l'objet extérieur du fonctionnement psychique. Cela conduit à penser qu'au-delà de la connaissance même c'est la volonté de maîtrise qui est visée : la connaissance apparaît bien comme suscitée par un désir, mais qui est ici le désir un peu trouble non d'une pure satisfaction intellectuelle, mais d'une maîtrise de l'environnement qui permette à l'homme de s'extraire de la nature et de se vivre lui-même comme être supérieur - tel que l'enseignent les croyances religieuses ou au moins comme espèce plus développée que les autres, - comme le montre la théorie de l'évolution. [...]
[...] La connaissance est-elle suscitée par un désir ? La réponse s'impose désormais et elle est positive. Il est apparu que le désir, pulsion dégagée de son support biologique et volonté de dominer, s'avère lié à la suivie de l'homme et participe de sa lutte pour se défaire de l'angoisse de la mort. A défaut de rendre toujours heureux, la connaissance rend lucide, et ce désir, s'il est compris et assummé, permet à l'homme d'exercer l'autonomie de sa conscience. [...]
[...] D'ailleurs, la science, même lorsqu'elle devient "recherche fondamentale", procède d'un désir en lutte contre la tentation de se laisser absorber, de se perdre dans la complexité du monde au point de n'être qu'un élément infime dans une nature sans finalité. Or, à l'échelle de l'univers, la vie des hommes n'est qu'une agitation dérisoire. Mais le désir de connaissance donne à l'homme une illusion de maîtrise dont il a besoin pour vivre, et pour laisser une trace de son passage. Son attachement à la culture, à l'histoire, montre assez que ce désir repose sur la volonté de ne pas se sentir perdu dans un monde étrange, et, en tant qu'individu de ne pas y être isolé. [...]
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