L'homme est un être conscient, conscient de soi, conscient de sa réalité et de son environnement. En cela, il est différent de l'animal qui reste dans le sentiment de soi. L'homme prend conscience de soi lorsqu'il peut dire "je". Mais cette origine de la naissance du "moi" ne peut pas être expliquée par l'analyse de la raison, de l'entendement. Il s'avère alors que c'est le désir qui révèle l'être à lui-même en le poussant à dire "Je" (...)
[...] Le système totalitaire dans lequel ils vivaient fragmentait les tâches, réduisant le meurtre de masse à une simple suite de problèmes techniques. Ceci impliquant l'absence d'une conscience morale, d'une notion de responsabilité. Mais loin d'excuser ces hommes, Arendt les accuse d'avoir cessé de penser, d'avoir arrêté d'exercer leur sens critique. Ce serait d'après elle l'origine des crimes et l'origine du mal. Le mal serait donc le résultat de la présence dans l'homme de deux forces opposées qui fracture la volonté de l'homme. Ces deux forces résultent de la présence d'une dualité au sein même de l'homme. [...]
[...] En ce sens, l'homme ne peut que désirer le bien, son bien. Le mal serait alors le résultat d'une erreur ou même d'un homme défaillant, victime d'une quelconque maladie. Pourtant nous verrons que l'homme ne veut pas toujours le bien et peut choisir sciemment de s'écarter de la morale. Le mal est alors la conséquence d'une faute et chacun d'entre nous peut potentiellement commettre le mal. Peut-être faut- il alors comprendre que cette capacité de choisir entre le bien et le mal est en fait le fondement de la liberté et résulte de la dualité de l'homme qui est un être dominé à la fois par sa sensibilité et sa raison. [...]
[...] L'homme est donc un être qui semble capable de désirer le mal. Cette idée n'est toutefois pas évidente puisqu'on peut également affirmer que l'homme ne veut que son bien et que s'il commet le mal, c'est par ignorance. Pourtant cette hypothèse conduirait à déresponsabiliser les criminels et à remettre en cause le libre arbitre de l'homme. De plus, ce désir de mal gêne et nous force à affronter l'idée que la majorité des crimes est l'œuvre de gens ordinaires et non d'hommes diaboliques. [...]
[...] On ne peut donc pas prétendre que l'homme désire le mal puisqu'il cherche toujours le bien, son bien. Et dans le cas ou il désirerait le mal, ce serait en vue d'un bien plus grand, donc il ne ferait en fait que désirer le bien. Pourtant, comme le souligne Platon, le désir des plaisirs prend parfois le pas sur la raison et sur ce qu'il appelle l'aspiration au meilleur L'homme qui se laisse dominer par ses désirs, lorsque ceux-ci sont en contradiction avec le meilleur et le bien, tombe dans une démesure. [...]
[...] Je suis donc totalement libre de faire le bien ou le mal. Se pose alors la question de la nature de cette volonté et de l'origine du mal. Peut-on affirmer que cette volonté n'est ni l'œuvre d'un homme démoniaque, affranchi de la loi morale, ni l'œuvre d'un sous-homme animal, guidé par sa seule sensibilité et que par conséquent elle réside dans chacun d'entre nous ? Cette affirmation gêne car elle implique que les criminels ne sont pas si différents de nous et que nous pouvons, sous l'influence de certaines conditions devenir comme eux. [...]
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