Commentaire de Philosophie sur un extrait de Principes de la philosophie de Descartes, présentant le corps comme une machine déterminée. Descartes opère dans l'extrait une comparaison entre les machines produites par l'industrie humaine et les corps engendrés par la nature.
[...] Mieux encore : l'artisan qi l'a conçue l'a précisément façonné eu égard à ces contraintes physiques (le but consistait à faire tenir un plateau horizontal en équilibre sur des pieds verticaux), et grâce à ces mêmes contraintes physiques (les outils employés pour façonner la table, mais aussi les chevilles, les tenons et les vis qui la font tenir, "fonctionnement" grâce aux lois de la nature). Perspective dont il faut au moins esquisser l'ampleur. Avec un tel raisonnement, aucun objet physique ne peut jamais sortir de la "nature". [...]
[...] Et il est certain que toutes les règles des mécaniques appartiennent à la physique, en sorte que toutes les choses qui sont artificielles, sont avec cela naturelles. Car, par exemple, lorsqu'une montre marque les heures par le moyen des roues dont elle est faite, cela ne lui est pas moins naturel qu'il est à un arbre de produire des fruits. (Descartes, Principes de la philosophie) 1. Détermination du problème Détermination du thème Descartes opère dans l'extrait une comparaison entre les machines produites par l'industrie humaine et les corps engendrés par la nature Définitions Le texte ne présente aucune difficulté lexicale majeure, à l'exception notable de "nature". [...]
[...] D'abord, Descartes présente son affirmation principale selon laquelle la seule différence réelle entre machines et corps consiste en une simple question d'échelle. Ensuite, il justifie cette affirmation par le recours aux sciences physiques. Enfin, il illustre cette justification par l'exemple de l'horloge qui marque les heures Explication Première partie D'autre part, si effectivement rien ne distingue les productions humaines des êtres naturels sinon l'échelle des "tuyaux et des ressorts", alors il suffit d'inventer une technologie assez précise pour que les humains soient capables de reconstruire une machine très proche de ce que la nature peut accomplir. [...]
[...] Pourtant, cette dernière phrase paraît indiquer une profonde équivoque sur le terme "naturel". On peut assurément entendre par là l'ensemble de l'univers matériel, vivant compris - et si le deuxième terme de la comparaison cartésienne est l'arbre, c'est assurément à dessein. Cependant, cet univers matériel semble bien se distinguer entre objets inertes (étudiés par la physique) et objets vivants (étudiés par la biologie et la médecine). Peut-on vraiment réduire la biologie à la physique et à la chimie ? Il paraît clair qu'un arbre se trouve soumis à des contraintes mécaniques (un vent violent le déracinera) ; mais n'est-il pas tout aussi clair qu'il présente des caractères plastiques de croissance, de cicatrisation, de reproduction, d'évolution, qui le différencient radicalement des pierres ou des gaz atmosphériques ? [...]
[...] Imaginons-le encore capable d'accomplir toutes les tâches humaines normales. A quoi, néanmoins, reconnaîtrait-on un tel automate ? Ce débat connaît actuellement un regain d'intérêt par le biais de l'informatique. Peut-on, par un "cerveau électronique", imiter la pensée humaine ? Descartes, sur ce point, est parfaitement clair : encore une fois, il faut distinguer, et même opposer, corps et pensée. L'automate en question n'aurait pas le pouvoir de penser : il serait donc incapable de raisonnement, d'imagination, et d'une quelconque autonomie Deuxième partie On pourrait se demander pourquoi Descartes conteste la distinction entre machine et corps naturel, entre nature et artifice, si c'est pour réaffirmer aussitôt la spécificité humaine par rapport à l'animal en prétendant que l'humain possède quelque chose "en plus" par rapport aux animaux (en l'occurrence, la pensée) - d'où cette théorie choquante des animaux machines, où toutes les bêtes, y compris les mammifères supérieurs, sont réduits à un simple mécanisme agité de réflexes incontrôlés. [...]
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