Dans cet ouvrage, l'auteur cherche à fonder une vérité indubitable qui résiste aux assauts des sceptiques, auxquels il s'oppose, et qui puisse servir de fondement à la connaissance. Il entreprend, pour ce faire, d'utiliser l'arme des sceptiques - le doute - et de remettre en question la totalité des choses. Or, y a-t-il une vérité qui apparaisse au sein du doute ? Si le doute est nécessaire pour parvenir à des certitudes, puis-je toutefois aller jusqu'à douter de ma propre pensée et existence ? (...)
[...] Enfin, le dualisme cartésien n'appauvrit-il pas considérablement la nature même de la subjectivité ? Examinons tour à tour, et de façon succincte, ces différentes questions. Comme le souligne Geneviève Rodis-Lewis dans L'œuvre de Descartes, le premier intérêt philosophique de ce texte est de faire du Cogito un modèle d'évidence pour la connaissance vraie. Le principe de toute certitude apparaît enraciné dans la vérité claire et distincte : " je pense, donc je suis De cette expérience du Cogito, Descartes tire la règle de l'évidence intellectuelle comme critère ultime de la vérité. [...]
[...] Chacun peut s'y reconnaître dans l'acte de penser et de réfléchir cet acte. Je sais donc que je suis, non pas grâce à la raison, mais dans l'activité consistant à me penser moi-même comme être pensant. Conséquence de cette découverte : si le cogito est cette terra cognita par quoi s'offre l'évidence d'une existence, il s'ensuit nécessairement qu'une telle vérité peut être à bon droit considérée comme " le premier principe de la philosophie que je cherchais Cette phrase rappelle d'abord que Descartes a pour mission de trouver " un premier principe " pour la philosophie. [...]
[...] Y a-t-il d'ailleurs identité de chaque sujet dans le temps ? Le moi est-il un ou plusieurs ? Où l'on comprend que c'est l'idée même d'un sujet universel, tel que nous le décrit Descartes dans ce texte, qui fait problème, nous qui ne saisissons que des formes relatives, transitoires, particulières. S'il l'idée d'un sujet substantiel est en soi problématique, l'idée d'universalité subit également, à notre époque, les assauts des sciences humaines et de certains courants philosophiques. Détruire les universalités, mettre à jour des sujets-formes, conçus non point comme principes ni comme substances, mais comme résultats, produits, effets, n'est-ce point ce que semble avoir réalisé notre époque ? [...]
[...] Descartes montre ainsi qu'au cœur même du doute s'affirme la réalité de la pensée et de l'être, de sorte que la conscience de soi constitue la première des certitudes. Chaque fois, en effet, que l'on remet tout en question, ici et maintenant, on affirme en même temps la réalité de sa pensée et la certitude de son être. La pensée consciente d'elle-même est alors ce qui définit le moi. Or, pourquoi l'affirmation " Je pense, donc je suis " résiste-t- elle au doute ? De quel être d'ailleurs affirme-t-elle l'existence ? Quel est, en somme, le " je " du " je suis " ? [...]
[...] Que désigne, en effet, pour Descartes, l'idée de sujet ? On le voit dans ce texte, une substance, c'est- à-dire une réalité permanente, un principe, une donnée première. Résistant à tous les assauts du doute, le cogito est conquis et désigne bel et bien ce sujet universel, cette pensée identique en tout moment. De même, en se proposant, à la fin de notre texte, de montrer l'indépendance de l'âme par rapport au corps, Descartes rend possible la découverte de la nouvelle méthode et du nouvel objet de la philosophie : décrire de l'intérieur, d'une manière rationnelle, la pensée. [...]
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