démocratisation, culture, société contemporaine, pratiques culturelles, liberté culturelle
Un poème d'Arthur Rimbaud côtoie désormais, sur la même page des manuels scolaires, une chanson de Mc Solar (né en 1969).
Cette coexistence renvoie à la critique développée par Alain Finkielkraut (né en 1949) qui, dans La défaite de la pensée de 1987, constate qu'au nom d'un égalitarisme radical, source de relativisme, désormais tout se vaut. Traiter de « la démocratisation de la culture dans la société contemporaine » c'est traiter de la tension existant entre la culture « classique », « élitiste », représentée par le poème d'Arthur Rimbaud et les nouvelles formes contemporaines de cultures, que symbolise la chanson de Mc Solar.
Le terme « culture » appelle plusieurs définitions. Il existe en effet plusieurs dimensions de la culture. Dans sa dimension individuelle, la culture est ce qui permet à l'homme de sortir de l'état de nature ; dans sa dimension universelle, la culture s'entend comme un processus d'élévation de l'individu vers des valeurs universelles ; dans sa dimension nationale, la culture se comprend comme ce qui unit un peuple par ses traditions, ses moeurs, sa langue ; enfin, la culture désigne aussi des civilisations (lorsque l'on parle de culture orientale, culture gréco-latine).
Une nouvelle approche de la culture s'intercale entre l'approche individuelle et nationale de la culture. En effet, à l'intérieur de la culture d'un peuple ou d'une nation peut en effet naître une culture de l'élite voulant dominer toutes les autres formes de culture, alors qualifiées de « sous-culture », de « culture populaire », de « culture de masse ».
Une rupture dans la construction historique de notre rapport à la culture, que l'on peut identifier à la contestation de cette signification élitiste de la culture, caractérise la société contemporaine française. La hiérarchie des normes culturelles a été progressivement contestée et a émergé la volonté d'élargir les critères de la culture pour essayer de reconnaître pleinement le droit à des cultures différentes. Les politiques culturelles contemporaines ont exprimé le souhait de donner un accès à la culture pour tous et de défendre « une culture du peuple ». Parmi les nombreux exemples illustrant cette « démocratisation de la culture », on peut citer l'institution, en 1982, par Jack Lang de la fête de la musique qui connaît un succès important aujourd'hui.
Mais pour certains auteurs, dont Alain Finkielkraut (né en 1949) dans La Défaite de la pensée (1987), cette culture, qui n'est plus une culture de l'élite mais qui se massifie, est une culture qui se dégrade. La culture se confondrait maintenant avec le divertissement, le plaisir, perdant ainsi toute valeur, tout intérêt. La reconnaissance de ces nouvelles formes de culture induirait ainsi un relativisme culturel dénoncé par de nombreux auteurs qui craignent, par ailleurs, de voir les cultures se matérialiser en communautés intolérantes.
Ainsi, un paradoxe semble exister entre la politique culturelle contemporaine française tentant de permettre à chacun de s'ouvrir à l'autre à travers la reconnaissance de très nombreuses pratiques culturelles et le danger, exprimé par certains selon lequel la culture, séparerait de plus en plus les hommes au lieu de les réunir.
[...] Cette démocratisation a permis d'élargir le public de la culture, trop souvent constitué par une élite. Si cette démocratisation de la culture est critiquée en ce qu'elle appauvrirait l'esprit et en ce qu'elle risquerait de développer le communautarisme, une politique culturelle repliée sur une élite aurait été bien plus sévèrement critiquée, accusée d'aristocratisme. Dépassant la simple prise en charge étatique et la promotion, sur son territoire, de la liberté culturelle, la France est à l'origine de la revendication de l'exception culturelle. [...]
[...] Parmi eux, Marc Fumaroli (historien né en 1932) a écrit la charge la plus sévère contre la politique culturelle de l'Etat dans L'Etat culturel publié en 1991. La thèse développée est la suivante : « la vraie culture, comme l'agriculture, est le parachèvement patient de la nature. La Culture démocratisée, avec sa majuscule, tue le naturel sous la prolifération du culturel, & de sa panoplie de prothèses ». Une preuve de ce relativisme culturel se trouve dans l'extension du champ patrimonial actuel. [...]
[...] Les résultats mesurés démontrent les capacités de ces élèves une fois qu'ils ont acquis la culture nécessaire. Cette démocratisation de la culture, par la prise en compte des identités permet d'élargir le public de la culture, trop souvent constitué par une élite. Cette ouverture de la culture s'est accompagnée de l'émergence de nombreuses formes de culture. Parmi les exemples illustrant une « démocratisation de la culture », on peut citer l'élévation des tags et des graffitis au nombre des arts plastiques. [...]
[...] La critique d'un appauvrissement de l'esprit Avec cette démocratisation de la culture, les pratiques culturelles se sont modifiées pour devenir de véritables phénomènes de masse. En effet, il ne s'agit plus de voir le dernier épisode de La Guerre des étoiles, mais de l'avoir vu ; Il ne s'agit plus de lire le sixième tome des aventures de Harry Potter mais de l'avoir lu, comme si ces pratiques étaient à la fois signes de reconnaissance et signes d'appartenance. L'analyse des pratiques culturelles pousse ainsi à se demander s'il s'agit de faire comme tout le monde pour être accepté comme semblable ou s'agit-il d'un repli sur soi. [...]
[...] La démocratisation de la culture désigne ainsi une culture tournée vers les loisirs, source d'épanouissement aidée par l'Etat. On est passé d'une culture entendue cô un processus d'élévation de l'individu vers des valeurs universelles à une culture tournée vers les loisirs l'émotion disparaît au profit du plaisir ; l'approfondissement cède la place à la superficialité (ce que l'on désigne par l'expression de « culture de la glisse ») ; l'éternel est remplacé par l'instantané, l'attente par l'immédiateté. Il y a alors un terreau potentiel pour que se développe un communautarisme fort, comme réaction à l'homogénéisation des esprits. [...]
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