Décharge, corollaire, éphémère, face noire, modernité, Les Anciens, Rimbaud, Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, paradoxe, Demolition man, Gérard Manset, Emmanuel Kant, histoire, interprétation, critique, projet inachevé
Au « il faut être absolument moderne ! » de Rimbaud répond cette évocation d'une face noire, inévitable, qui irait de pair avec la modernité. La question porterait donc en elle une critique de la pensée moderne. Si face noire il y a, ce serait la décharge corollaire de l'éphémère. Les choses sont éphémères dans la mesure où ce qui est produit est ensuite détruit selon le processus de consommation décrit par exemple par Hannah Arendt dans la Condition de l'homme moderne. Or ce processus est inhérent à la modernité, un projet en constante mutation donc, auquel le processus de création-destruction serait nécessaire.
Pourtant, selon la manière dont on lit cette question, on peut se demander si elle ne contient pas déjà un paradoxe. Ce qui est consommé, ne disparaît pas totalement, n'est donc pas réellement éphémère. Comment doit-on comprendre cette interrogation, qu'est-ce que la face noire de la modernité, si face noire il y a ? En quoi la décharge est-elle le corollaire de l'éphémère ?
[...] Avec le progrès, la modernité on pourrait voir les gens demander à être congelés, dans l'espoir peut-être qu'un jour la science trouvera un remède à la mort comme dans « Demolition man », film américain relativement tombé dans l'oubli où Sylvester Stalone est ressuscité pour pouvoir sauver la race humaine. La décharge serait donc plus un moyen de refuser de voir les choses tomber définitivement dans l'oubli, une manière de tenter d'atteindre l'éternité. Notre attachement au passé et à ses vestiges, que l'on cherche parfois à masquer pose problème, c'est ce qu'exprime l'idée de décharge, elle est ambiguë, on accepte de se séparer de certaines choses, mais pas complètement[1]. [...]
[...] La décharge, corollaire de l'éphémère, est-elle la face noire de la modernité ? I. Qu'est-ce que la décharge ? À travers cette question n'est-ce pas finalement le conflit qui oppose depuis plusieurs siècles les Anciens aux modernes qui semble ressurgir ? Au « il faut être absolument moderne » de Rimbaud répond cette évocation d'une face noire, inévitable, qui irait de pair avec la modernité. La question porterait donc en elle une critique de la pensée moderne. Si face noire il y ce serait la décharge corollaire de l'éphémère. [...]
[...] La décharge n'est pas en soi la face noire de la modernité, elle-même est soit positive soit négative. F. Julien évoque l'idée selon laquelle une chose n'est jamais totalement noire, jamais totalement blanche dans l'ombre au tableau, et propose une réconciliation des opposés. Ainsi « s'il faut la mort, c'est non seulement comme une mise en péril permanent que la vie a à surmonter, mais surtout parce que la non-vie qu'on se représente trop particulièrement, parce qu'individuellement, dès que l'être naît comme étant sa mort est ce par quoi la vie se sauve de son asphyxie par saturation et respire ». [...]
[...] La décharge est elle le corollaire de l'éphémère ? Peut-être, si l'on s'inspire de l'idée de Julien pour estimer qu'elle est l'opposé de l'éphémère, qu'elle est utile dans la mesure où justement elle révèle l'importance de ce caractère éphémère de toute chose qui permet d'avancer et donc de continuer à mettre en œuvre ce « projet inachevé » de la modernité. Le problème des machines à laver non faites pour durer, c'est qu'elle reste. Que fait-on de la carcasse ? [...]
[...] Là l'exemple est très concret, mais il en va de même pour l'histoire. Le discours sur les évènements, la manière dont ils sont perçus évolue avec le temps, la confrontation des analyses ce qui fait qu'un épisode glorieux peut en fait devenir une période honteuse et vice versa. Il est nécessaire de gérer le passé si on ne veut pas qu'il se répète, que son contrôle nous échappe. Il se peut par exemple que la mémoire de l'holocauste n'ait pas été suffisamment mise à jour, n'ai pas été gérée de manière à éviter d'autres génocides comme celui du Rwanda. [...]
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