Montesquieu, conservatisme, rationalité, société idéale, société des Troglodytes, philosophie des Lumières, rapports sociaux, organisation politique, religion, vie pastorale, vie agraire, péchés des hommes, coutumes
De Platon à Montesquieu, la notion de société idéale a suscité la conceptualisation et, plus généralement, l'intellectualisation des rapports sociaux au coeur d'un projet politique : celui de la cité. "Animal politique" (zôon politikon) pour Aristote, l'homme est naturellement versé à l'établissement de ses relations de groupe sous la forme d'une organisation politique. Platon déjà put dresser deux modèles de sociétés politiques idéales, évoluant au cours de sa vie. D'abord "La République" dans sa jeunesse, où la bonne cité est celle gouvernée par les philosophes, par la figure du "philosophe-roi".
[...] Dans quelle mesure Montesquieu consolide-t-il une conception conservatrice et rationnelle de la société idéale par le biais de la représentation de la société des Troglodytes ? De Platon à Montesquieu, la notion de société idéale a suscité la conceptualisation et, plus généralement, l'intellectualisation des rapports sociaux au cœur d'un projet politique : celui de la cité. Animal politique (zôon politikon) pour Aristote, l'homme est naturellement versé à l'établissement de ses relations de groupe sous la forme d'une organisation politique. Platon déjà put dresser deux modèles de sociétés politiques idéales, évoluant au cours de sa vie. [...]
[...] Montesquieu s'inscrit dans la lignée de cette conception conservatrice d'une société idéale : l'auteur de De l'esprit des lois (1748) en témoigne dans ses représentations allégoriques dans un autre de ses ouvrages, ses Lettres persanes (1721). En effet, dans la Lettre 12 - Usbek au même , Usbek, l'auteur, prend le temps de détailler les caractères de la société troglodyte en mettant en avant les principales vertus de cette société. En s'attachant à cette description, Montesquieu, qui parle derrière Usbek, prend le prétexte, comme Thomas More dans son Utopia (1516), de la description d'une société imaginaire pour exposer sa doctrine de la cité idéale. [...]
[...] Ils instituèrent des fêtes en l'honneur des dieux ( . ) . Cet ensemble de caractéristiques propres à la religion a l'avantage de souder et d'unifier les individus troglodytes et de se sentir partie prenante d'un projet commun, d'un destin commun, sous le signe de mêmes coutumes, mêmes idéaux et mêmes référents culturels. Dans la religion, Montesquieu y laisse entrevoir, par ailleurs, une conception chrétienne qui pourrait être perçue comme une conception originelle, sensible à la praticité de la vie des individus en société : l'accroissement démographique, encouragé par l'appel à la reproduction des humains par Dieu dans la Bible (et que suivent les Troglodytes puisque sous les yeux des dieux, ce peuple s'accrut par d'heureux mariages ) ; la sollicitation des perfections et des vices moraux qui altèrent la condition humaine ( ils avaient de l'humanité ; ils connaissaient la justice ; ils aimaient la vertu ; autant liés par la droiture de leur cœur que par la corruption de celui des autres, ils voyaient la désolation générale, et ne la ressentaient que par la pitié ; c'était le motif d'une union nouvelle Mais dans cette conception religieuse, il est aussi nécessaire de souligner le pont que représente cette société troglodyte entre des temps de malheur et des temps de bonheur. [...]
[...] Et la Modernité s'intéressant tout particulièrement aux exemples fournis par l'Antiquité, il est certain que les modèles des cités idéales sont à chercher du côté de l'Antiquité grecque ou de l'Antiquité romaine. Tandis qu'on se réfère tant à Sparte qu'à Athènes, à Rome qu'à Carthage, Montesquieu s'inscrit indéniablement dans une conception conservatrice de la société idéale. C'est dans cette optique que dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Montesquieu pourrait résolument être placé du côté des Anciens : le passé offre des modèles uniques d'idéalisation de la société politique. [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure Montesquieu consolide-t-il une conception conservatrice et rationnelle de la société idéale par le biais de la représentation de la société des Troglodytes ? Pour soumettre la question à l'analyse, ce devoir comprend deux temps. Le premier temps est consacré au rôle que joue la religion dans cette société pourtant rationalisée des Troglodytes et que Montesquieu examine comme telle - ce n'est pas un paradoxe, mais bien plutôt la consolidation des vertus organisationnelles et institutionnelles que la religion recouvre pour une société bien organisée La religion structurant la société n'est pas le seul attribut de cette société conservatrice désirée autant que décrite par Montesquieu, et le second temps du devoir s'attache à prendre en compte la vie pastorale et agraire qui est au fondement de la société idéale et poursuit, ce faisant, la réflexion platonicienne entamée dans Les Lois à la fin de sa vie Le rôle de la religion dans la société des Troglodytes La religion est un ciment de la société idéale : telle est la conception de Montesquieu et, à la vérité, la conception de la religion comme institutionnalisation du réel social depuis l'Antiquité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture