Chaque être vivant hérite de ses prédécesseurs tout l'appareil physiologique nécessaire à sa survie. L'homme, en outre, hérite par la socialisation de tous les savoirs et savoir-faire nécessaires à son existence dans le groupe, de ses habitudes et de ses valeurs. D'une façon générale, la culture transmet des vérités anciennes à ses membres. Pourtant, ne doit-on pas craindre que ces vérités fondamentales ne soient relatives à chaque culture ? Les savoirs et savoir-faire transmis divergent selon les cultures, et les cultures s'affrontent sur la base de ces divergences, sans qu'aucune ne reconnaisse le caractère relatif de ce qu'elle tient pour évident. N'est-ce pas dire que la culture transmet essentiellement des préjugés ? L'enjeu est d'importance. Si la culture ne transmet pas essentiellement des préjugés, d'où viennent-ils ? Si par contre la culture transmet essentiellement des préjugés, ne faut-il pas s'affranchir de sa culture pour s'affranchir de ces préjugés ? A moins qu'en un sens, la culture soit un moyen, et privilégié, pour s'en affranchir.
Dans un premier temps, il semble que la culture ne transmet pas essentiellement des préjugés. On accorde d'ordinaire une valeur positive à la culture, et une valeur négative aux préjugés. Positive, parce que la culture, comprise comme l'ensemble des savoirs et savoir-faire, comme l'ensemble des réalisations matérielles et spirituelles du groupe qui accueille chacun, donne à chaque nouveau-né la formation sans laquelle l'intégration dans le groupe et la persistance du groupe dans son environnement seraient compromises. Elle témoigne en outre de ce que furent nos prédécesseurs, de ce qu'ils accomplirent. Négatifs, les préjugés, parce qu'on les comprend comme mensonges ou erreurs transmises par une tradition qui donne valeur moins à la vérité qu'à l'autorité des anciens. Mais la culture ne transmet pas des mensonges et des erreurs. Elle transmet la confiance de nos prédécesseurs en un monde fait de symboles et de valeurs, par lesquels un groupe donne sens à son existence et persiste dans son environnement (...)
[...] La culture est vécue positivement, le préjugé négativement. Mais, en croire B. Malinowski, dans La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, il est possible de comprendre ce qu'on appelle préjugé comme moyen par lequel la culture remplit sa fonction. Non qu'elle transmette des préjugés: les préjugés ne sont pas vécus comme tels. Ce qu'elle transmet doit être reçu sans réflexion critique pour être cru. Elle ne peut se contenter de proposer, elle doit imposer. Sans cela, elle ne parviendra pas à remplir sa fonction, qui est de secourir la nature défaillante en l'homme. [...]
[...] Ainsi Descartes, dans son Discours de la méthode, apprend par le voyage, non pas à rire des préjugés des autres, mais à interroger la valeur des mœurs de son propre pays. Dans les voyages, la reconnaissance de la diversité humaine permet de prendre distance non seulement géographiquement de sa culture, mais spirituellement. Ce qui pouvait dans l'enfance de notre esprit, sembler naturel, apparaît, au regard de l'humanité dans sa diversité, simple préjugé. La culture inculque des valeurs et des moeurs. Prendre distance de sa culture, c'est reconnaître leur relativité: . Pourtant, comment accorder les valeurs distinctes qu'on attribue à la culture et aux préjugés? [...]
[...] Il en prend soin, il les respecte, conduit sa vie elle- même en fonction d'elles, qui le structurent et font ce qu'il est. Mais les préjugés n'ont pas cette faveur. Dés qu'on a conscience d'un préjugé, on travaille à s'en défaire, comme d'une mauvaise habitude. Les préjugés ne sont pas des valeurs. On se tourne vers nos valeurs, mais on se détourne des préjugés. La culture transmet plutôt des préjugés que des valeurs. En outre, on reconnaît qu'elle transmet des savoir et savoir-faire. Eux non plus n'ont pas les caractéristiques qui font les préjugés. [...]
[...] La culture transmet des préjugés, quoiqu'ils soient en fait reçus comme des certitudes. Pourtant, la culture qui forme l'individu, le socialise, le structure, n'est pas le seul aspect de la culture. On pourrait même penser que la culture génère un autre type de culture, qui fait suite à l'enculturation, et qui a charge de rendre à l'individu quelque autonomie, pour lui donner les moyen de penser ce qui le tient encore à distance de ses croyances. La culture se comprend comme le domaine de recherche de l'ethnologie et de l'anthropologie. [...]
[...] Dans un premier temps, il semble que la culture ne transmet pas essentiellement des préjugés. On accorde d'ordinaire une valeur positive à la culture, et une valeur négative aux préjugés. Positive, parce que la culture, comprise comme l'ensemble des savoirs et savoir-faire, comme l'ensemble des réalisations matérielles et spirituelles du groupe qui accueille chacun, donne à chaque nouveau-né la formation sans laquelle l'intégration dans le groupe et la persistance du groupe dans son environnement seraient compromises. Elle témoigne en outre de ce que furent nos prédécesseurs, de ce qu'ils accomplirent. [...]
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