M. Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, groupe français leader mondial de la communication, se dit aujourd'hui entièrement satisfait de l'investissement de son groupe dans Maroc Telecom, opérateur à travers lequel l'entreprise française a pu atteindre le marché africain : "S'engager au Maroc, c'est investir dans un partenariat fiable et de proximité", déclare-t-il. (Source : www.amb-maroc.fr).
Le Royaume du Maroc, pays du Maghreb, se distingue des autres pays africains par un taux de croissance annuel moyen de 6.5% en 2008. De nombreux efforts en termes de libéralisation et de modernisation et la prise d'initiatives nouvelles pour relever certains défis - amélioration des infrastructures, réforme des institutions, lutte contre les inégalités - contribuent aujourd'hui à faire du Maroc un environnement économique attrayant. Monarchie constitutionnelle dirigée par Mohamed VI depuis 1999, le Maroc promet aux investisseurs étrangers une certaine stabilité politique, et évolue aujourd'hui dans le sens de la démocratie, évolution soutenue par des gouvernements occidentaux. Les échanges internationaux avec le Maroc grandissent alors. La France en particulier s'intéresse à ce pays, si bien que près de 30 000 français y vivent et plus de cinq cents grandes, petites et moyennes entreprises françaises y ont été implantées. Les zones économiques de Casablanca et de Tanger sont les plus propices et favorables à leur développement. Les activités de ces entreprises regroupent plusieurs industries dont les principales sont l'agroalimentaire, le pharmaceutique, les banques et assurances ; mais aussi l'environnement et l'énergie, le tourisme, les télécommunications, les équipements électriques et électroniques et le textile selon le portail de la Maison des Français à l'Etranger. Une myriade de facteurs de rapprochement explique cet engouement pour le Maroc. Les deux pays partagent en effet des traits d'histoire communs (protectorat), une langue, le français, officieuse au Maroc mais omniprésente, et il faut le rappeler, une réelle proximité géographique. Le Maroc étant promesse de réussite économique, les entreprises françaises n'hésitent pas à y implanter leurs filiales. Quand elles le font, elles sont tentées d'appliquer leurs pratiques managériales utilisées avec succès dans la maison mère pour gagner en efficience dans leurs filiales. Cependant, peuvent-elles le faire sans prendre en compte une dimension, qui aurait cependant bel et bien une influence sur cette réussite ? Que dire en effet de la culture marocaine qui diffère de la culture française sur de nombreux points ? Il faudrait s'interroger sur la gestion des différences culturelles au sein d'une entreprise étrangère qui se trouve au Maroc : les particularités nationales sont-elles intégrées au mode de management à la française ? Nous appuierons notre étude sur la gestion des ressources humaines dans des entreprises françaises implantées au Maroc. Nous montrerons dans un premier temps les particularités marocaines au niveau culturel mais aussi leurs influences sur le monde du travail. Cela nous amènera à voir comment le Maroc réagit face à l'interculturel. Nous mettrons ensuite en avant le principe d'hybridation appliqué par les entreprises françaises installées au Maroc (...)
[...] Quelle va être la culture d'entreprise qui en résultera ? La culture d'entreprise correspond à un cadre de pensée, à un système de valeurs et de règles partagées par l'ensemble des acteurs d'une même organisation. Elle explicite ainsi les manières de faire attendues, et ce quelques soient les origines de ses membres (Bournois, 1996). Elle agit tout d'abord en facteur d'identification et de différenciation par rapport à l'environnement. L'introduction de principes communs, de références, va permettre aux salariés d'un entreprise donnée de s'identifier, de se démarquer, et ce en tant que collectivité particulière. [...]
[...] Poole: Jun 2008) 24 Clifford Geertz (Islam observed : Religious development in Morocco and Indonesia, the University of Chicago Press, 1968) Le Maroc interpellé, Abdelali Benamour d'Iribarne (Islam et Management. Le rôle d'un univers de sens. Revue française de gestion n°171, 2007) Le Maroc : d'un conservatisme à l'autre, Béatrice Hibou Reactions to Selection Methods: An International Comparison de Wesley A Scroggins, Philip G Benson, Christine Cross, Brad Gilbreath (International Journal of Management. Poole: Jun 2008 Karande et al moral philosophies of marketing managers : a comparison of American, Australian and Malaysian cultures. [...]
[...] C'est ainsi qu'un mode de management qui se veut universel, formaté, comme le TQM, a su trouver sa place dans la culture marocaine. Original, il s'agit d'un nouveau style de gestion d'entreprise. Certes, à travers son étude de cas, d'Iribarne nous montre qu'il existe un mode de management idéal, véritable compromis entre culture marocaine et culture d'entreprise française, qui a entrainé la réussite économique de l'entreprise ST MicroElectronics. Néanmoins, généraliser ce résultat et penser que l'on peut transposer ce mode de management à toute entreprise française qui se trouve au Maroc ? [...]
[...] Ainsi, Evald Mutabazi, professeur de Management des Ressources Humaines à l'EM Lyon, nous montre la nécessité de l'hybridation. Dans L'entreprise multiculturelle en Afrique (1999), il part du constat de l'échec du mode de gestion des entreprises françaises à l'étranger qui cherchent trop souvent à importer leur mode de management. Habitué des études de terrain, il donne l'exemple, dans son ouvrage, d'une entreprise dans laquelle le dirigeant, un expatrié belge (donc habitué au mode de management occidental), est remplacé par un nouveau manager congolais. [...]
[...] Les expatriés à la tête de ces entreprises n'avaient pas compris que les rémunérations étaient trop basses pour des salariés ayant de très grandes familles à nourrir. Pour cette population, accepter le système occidental importé revenait à démolir tout ce qu'ils avaient de plus cher : leur réseau de solidarité au travail et en dehors de l'entreprise. Evalde Mutabazi se dit confiant quant à la diffusion du modèle car l'approche proposée est totalement en phase avec différents enjeux actuels de la globalisation : inventer des solutions originales, faire face à la concurrence mondiale, promouvoir le développement durable, fidéliser ses clients ou encore faire coopérer des personnes très différentes au sein des équipes multiculturelles. [...]
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