Culture, préjugés, libération, culture humaine, éducation
Le préjugé est une forme d'aveuglement. À trop vite décider, sans la moindre réflexion, on s'expose à la grossièreté ou à l'ineptie d'un jugement hâtif, qui se borne à ressasser idées fausses et lieux communs. Ainsi en est-il, par exemple, des préjugés sexistes ou racistes. Dans ces conditions, l'éducation et plus largement la culture, entendues comme instruction et ouverture de l'esprit, ne sont-elles pas de nature à combattre ce genre d'aveuglement ? Peut-on alors prétendre que la culture nous libère des préjugés ?
Cependant, la culture, si elle éduque l'être humain en l'éloignant de sa nature animale, se présente selon des modes très différents. Il n'existe pas une culture unique, mais une pluralité, ce qui a pour effet de favoriser les incompréhensions, de nourrir des préjugés, surtout lorsqu'ils portent sur ces domaines très sensibles que sont les mœurs et les croyances. En matière de foi, par exemple, les relations sont très souvent difficiles entre croyants des diverses religions. Ne pourrait-on pas alors soutenir que ce sont justement les cultures qui engendrent les préjugés et leurs cortèges de conflits ?
[...] Ils donnent lieu à des clichés ou des stéréotypes. Pour ne prendre que cet exemple, les enfants et adolescents ont des images toutes faites sur les métiers dits masculins et féminins ou sur les rôles sociaux des hommes et des femmes. Défini en ces termes, le préjugé, qu'il se traduit sous forme de superstition, de naïveté enfantine ou encore de stéréotype, peut logiquement être surmonté grâce à une éducation de l'esprit. L'école y pourvoit, qui repose sur des principes visant à promouvoir l'autonomie de la pensée, le libre examen, refusant en somme toute forme d'embrigadement, autre nom pour le préjugé. [...]
[...] Mais alors si la culture transmet des idées fausses, si elle ne favorise pas l'indépendance d'esprit, cela a-t-il encore un sens de se demander dans quelle mesure elle peut nous délivrer de nos préjugés ? Le peut-elle si, justement, elle en constitue la source ? Pour sortir de cette difficulté et avancer vers la solution du problème, il convient de revenir sur la nécessaire distinction théorique entre la culture et les cultures. Et commencer par se délivrer du préjugé ethnocentrique selon lequel notre propre culture serait la meilleure ou la plus digne du genre humain. [...]
[...] La réconciliation des hommes entre eux risque de prendre du temps. Raison de plus pour s'atteler à la tâche, sans hésitation. [...]
[...] L'instruction est un processus de libération de l'esprit. Mais la culture, ce n'est pas seulement la bonne éducation qui nous aide, selon le mot du philosophe Kant, à sortir de notre minorité pour apprendre à penser par nous-mêmes, c'est aussi une histoire d'héritage. Et il en est de plus mauvais que d'autres ! On façonne les plantes par la culture, les hommes par l'éducation précise Rousseau au début de l'Émile. De même qu'il est facile de comprendre pue les cultures vivrières et céréalières obéissent à des techniques variées selon les latitudes et les traditions agricoles, de même on peut considérer que la transmission de la culture, à travers l'éducation, soit infiniment variée dans ses formes d'administration autant que dans ses contenus. [...]
[...] Ne pourrait-on pas alors soutenir que ce sont justement les cultures qui engendrent les préjugés et leurs cortèges de conflits ? L'enjeu du sujet est de bien prendre en compte ce paradoxe constitutif de la culture humaine : celle-ci humanise, rapproche les hommes (on pense aux liens que crée la musique, par exemple), mais elle peut tout aussi bien produire le résultat inverse lorsqu'elle n'est pas porteuse de valeurs universelles. L'humanité s'est dispersée au cours de son histoire, en des événements souvent tragiques. [...]
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