Un premier problème réside alors en l'inscription de la culture, entendue comme ensemble d'habitudes et de représentations mentales d'une société, dans un processus de civilisation. Il s'agit de savoir si une telle culture a la capacité de parfaire ses normes sociales et de promouvoir l'amélioration de sa société. Les notions de progrès ou de développement qui accompagnent la civilisation font-elles partie de la culture ou bien sont-elles ce qui permet de distinguer la culture de la civilisation ? Il faudra également se demander si l'homme civilisé n'est que le produit d'une culture, en tant qu'il obéit à ses normes, ou s'il doit se former lui-même, afin de pouvoir remettre en cause sa propre culture et améliorer les conditions de sa société : la culture, en son sens classique de formation individuelle, semble alors pouvoir jouer un rôle déterminant dans le processus de civilisation. Un dernier problème se pose quant à la dimension morale de la civilisation, ce qui à été soulevé par l'exemple de la colonisation : comment l'intention de civiliser, c'est-à-dire de parfaire la vie sociale, moralement bonne à l'origine, peut-elle se solder par l'imposition d'une culture par la violence, une véritable immoralité ? Il convient donc de savoir si la moralité appartient à la culture ou à la civilisation.
L'enjeu d'une telle réflexion concerne l'essence de la culture : en l'articulant à la civilisation, il s'agit de déterminer si elle contient en elle-même les principes d'un processus de progrès et d'une dimension morale.
Nous nous demanderons donc quelles sortes de rapports la culture peut entretenir avec la civilisation : si elle n'est que l'expression d'une étape dans un processus de civilisation, ou si, en tant que formation, elle permet la civilisation, ou si finalement elle n'est qu'une composante du processus de civilisation.
[...] La culture serait ainsi l'expression d'une représentation du monde pour une société à un moment donné, en tant qu'étape dans un processus de civilisation, et toujours susceptible de se transformer, de se perfectionner. Mais comment expliquer ce processus civilisateur ? L'intégration des valeurs et des règles communes permet à l'homme de savoir se comporter en société —d'agir conformément aux mœurs. Le développement d'un contrôle des tensions émotionnelles individuelles traduit, au niveau de la société, l'obligation de vivre en harmonie, de cohabiter pacifiquement. Le processus de civilisation peut alors s'expliquer par la dépendance réciproque des individus. Elias remarque que les contraintes sociales ne sont plus vraiment externes, mais de plus en plus intériorisées. [...]
[...] La rencontre s'opère à la frontière des cultures, dans la sphère de la civilisation -et non de la culture-. Lévi-Strauss montre ainsi que la réflexion ethnologique porte sur l'universel humain qu'est la capacité d'égard pour autrui et que toute culture est susceptible d'une extension vers une autre culture. N'étant jamais isolée, toute culture s'inscrit donc dans un processus de civilisation de par les relations qu'elle entretient avec d'autres cultures. Finalement la civilisation ne se possède pas, mais se manifeste dans une compréhension réciproque de l'étranger, ce dont toute culture est capable. [...]
[...] Il convient donc de savoir si la moralité appartient à la culture ou à la civilisation. L'enjeu d'une telle réflexion concerne l'essence de la culture : en l'articulant à la civilisation, il s'agit de déterminer si elle contient en elle-même les principes d'un processus de progrès et d'une dimension morale. Nous nous demanderons donc quelles sortes de rapports la culture peut entretenir avec la civilisation : si elle n'est que l'expression d'une étape dans un processus de civilisation, ou si, en tant que formation, elle permet la civilisation, ou si finalement elle n'est qu'une composante du processus de civilisation. [...]
[...] Le problème est donc de savoir si la culture peut s'inscrire dans un processus d'amélioration de l'organisation sociale. En reprenant l'exemple des colons et de leur désir de civiliser les indigènes en leur inculquant leur savoir-vivre et leur savoir-faire, il apparaît que le terme même de civilisation se confond avec un sentiment de supériorité et de fierté occidentale. Ce jugement de valeur opéré sur les sociétés plus primitives –anciennes ou contemporaines- fait écho au βαρβαρος (barbare) des athéniens qui désignait l'individu qui ne suivait pas les mœurs, la culture, les normes de leur cité. [...]
[...] Seule la culture des qualités sociales oriente vers une bonne intention morale, et permet de corriger l'apparence des bienséances sociales. Le progrès de la civilisation se dessine ainsi à travers la formation morale de l'individu qui tend vers une normalisation universelle de l'humain. La fréquentation des œuvres de l'esprit (celles de l'art, de la littérature, des pensées conceptuelles ) donne accès à la diversité des choses faites ou vécues par les hommes. L'homme qui se cultive accède donc à une forme d'universalité par son expérience de la diversité et réalise en lui-même sa propre humanité. [...]
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