Homme moderne, toute-puissance, indestructibilité, Prométhée, technique, homo faber, homo sapiens technicus, François Flahaut, Mary Shelley, Frankenstein, nature
Comme le montre Henri Pena-Ruiz, le mythe de Prométhée illustre des significations anthropologiques qui éclairent le rapport entre l'Homme et la technique, entre la science et la sagesse et entre l'aspiration à des attributs divins et la transgression des limites de la nature. Si le voleur de feu a tant séduit les penseurs et les littéraires depuis le romantisme, c'est qu'il permet de réfléchir l'homme moderne comme celui qui veut connaître la nature et s'en rendre maître par la technique. Par un geste transgressif, par cette faute tragique, Prométhée rapproche les hommes des dieux et encourt un châtiment. De même, on peut considérer que l'homme depuis la philosophie des Lumières, aveuglé par une idéologie progressiste, s'élève sans mesure tel un héros tragique et aveugle.
[...] Dans les religions monothéistes, la toute- puissance est un attribut de la divinité au même titre que l'omniscience. Elle traduit la capacité sans limites dans le domaine de l'action sans les limites ordinairement posées par les lois de la nature ou par les ordres des sociétés humaines. Dieu, tout-puissant commande les éléments tels le vent, la mer, la lumière, les astres tout comme il élève ou renverse les rois et les puissants. La puissance divine s'affirme ainsi comme un principe inégalé de création ou de destruction. [...]
[...] Nous montrerons d'abord que l'homme s'est institué en maître de la nature et de ses lois. Nous envisagerons ensuite la toute-puissance technique de l'homme dans ses enjeux psychologiques, moraux et enfin historico-politiques. La position de l'homme dans la nature a changé. Il n'est plus une partie dans un ordre (cosmos) qui le dépassait et que les mythes, les religions anciennes et la philosophie tentaient d'appréhender; il commande et organise son environnement. Les grands récits qui représentaient son rapport à la technique, entendu comme moyen permettant de produire des objets extérieurs à lui même ( Aristote), ont cessé d'être des fictions. [...]
[...] Cette démonstration de force a transformé sn image de lui même, cette nouvelle anthropologie décrite par François Flahaut, au point que homo sapiens technicus se délie de son rapport à la nature et peut être à l'altérité. L'homme savant règne donc sur la nature. En conséquence, ses représentations de lui-même sont modifiées. Autrui qui lui permettait de se comprendre lorsqu'il franchissait les limites de la raison et de la sagesse n'est plus. L'homme ne risque-t-il pas de sombrer dans la toute-puissance? [...]
[...] Cette ambition humaine au service de l'organisation de la société risque bien sûr de se pervertir. Le modèle Prométhéen ou la volonté de puissance, peuvent régresser au sens psychologique en volonté de toute puissance, c'est à dire comme nous venons de le voir en rejet de la loi ou de l'univers des pères. L'homme affirme alors la supériorité du même et rejette toutes les figures de l'altérité. L'ingénieur, l'architecte, le savant du XXe siècle ont montré que les figures de connaissance peuvent se mettre au service du totalitarisme. [...]
[...] Sujet: Croyez-vous que l'homme moderne souffre d'un fantasme de toute- puissance, voire d'indestructibilité ? Comme le montre Henri Pena-Ruiz, le mythe de Prométhée illustre des significations anthropologiques qui éclairent le rapport entre l'Homme et la technique, entre la science et la sagesse et entre l'aspiration à des attributs divins et la transgression des limites de la nature. Si le voleur de feu a tant séduit les penseurs et les littéraires depuis le romantisme, c'est qu'il permet de réfléchir l'homme moderne comme celui qui veut connaître la nature et s'en rendre maître par la technique. [...]
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