La raison est communément considérée comme incompatible avec la croyance dans la mesure où celle-ci est une certitude qui ne s'appuie sur aucune preuve et ne peut, de ce fait, se démontrer rationnellement. D'après Descartes, le bon raisonnement est celui qui part des choses évidentes et non uniquement vraisemblables, pour arriver aux notions complexes. Autrement dit, le raisonnement exact part de bases indémontrables, mais incontestables, pour arriver, au moyen de la logique, au(x) (différents) problème(s) posé(s). C'est la méthode, c'est-à-dire le principe du raisonnement mathématique. On peut penser que ce raisonnement suppose le rejet de toutes croyances. Les rejette-t-il pour autant ? (...)
[...] En l'occurrence, elle ne suppose pas le rejet de toutes croyances. On peut même se laisser à penser qu'au contraire, la raison a besoin de croyances pour pouvoir s'exercer convenablement. En effet, même pour la méthode de Descartes, les croyances semblent être nécessaires. N'avons-nous pas constaté qu'il était indispensable de se baser sur un premier fondement indiscutable mais indémontrable et évident, pour développer un bon raisonnement ? Ce fondement, considéré comme fondement premier (car il n'a pas de fondement lui-même) n'est-il pas une croyance ? [...]
[...] On pensait, lorsqu'on les apercevait dans la viande avariée, qu'ils ne provenaient d'aucun parent. On s'est appuyé alors sur cette croyance pour établir l'hétérogénie ou génération spontanée jusqu'à ce qu'au XIXe siècle, Pasteur réfute la théorie. C'est pour éviter de telles erreurs que Descartes établît une méthode pour user correctement de sa raison. La raison est ce qui nous permet de distinguer le vrai du faux. D'après cela, il semble impensable de prendre en compte, dans le raisonnement, les croyances, infondées et non-démontrées. [...]
[...] Il s'agit ensuite d'appliquer le raisonnement mathématique au problème. D'après Descartes, le raisonnement mathématique est le raisonnement exact. Le grand philosophe disait également la raison est la chose la mieux partagée du monde Tout le monde est donc capable de bien raisonner et de ne commettre aucune erreur si la méthode est bien appliquée. Pour lui, si l'homme se trompe c'est uniquement parce qu'il s'est appuyé sur de fausses idées. On peut alors se questionner quant au paradoxe suivant : comment peut-on croire en Dieu lorsque l'on condamne toutes vérités infondées et indémontrables ? [...]
[...] Qu'en est-il alors des croyances plus improbables ? Qu'en est-il des croyances volontaires ? Comment expliquons nous que l'homme croit certaine fois à des idées plus douteuses ? Par exemple, lorsque nous étions jeunes, nous croyions au Père Noël alors que nous n'avions aucune expérience sensible pouvant conduire à son existence. Nous pouvons cependant expliquer ceci par le fait que nous n'avions pas atteint l'âge de raison et que nous étions convaincus des paroles de nos parents. Mais alors, qu'en est-il de ceux qui croient aux extra-terrestres ou à la magie, lorsque le sens commun soutient fortement leur inexistence ? [...]
[...] Certains ont essayé de l'expliquer rationnellement, comme Descartes ou Spinoza, grâce à l'argument ontologique. D'autres ont essayé de l'expliquer d'une autre manière, comme Pascal et son pari qui, en résumé, consiste en préférer croire en Dieu sous prétexte que s'il existait, le gain d'y croire serait plus grand que le gain de ne pas y croire s'il n'existait pas. D'autres encore, ne l'expliquent pas et ne cherche pas à l'expliquer puisque d'après eux, la foi ne demande pas de preuve ; on a la foi où on ne l'a pas. [...]
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