La réponse à cette question semble évidente. On a naturellement tendance à associer le rationnel avec le vrai et par conséquent le faux serait irrationnel. Une croyance semble d'ailleurs n'être souvent qu'une opinion personnelle difficilement objective. Pour Pareto la rationalité est la mise en œuvre des moyens les plus efficaces pour atteindre un certain but. Mais peut-on connaître ces moyens dans de simples croyances?
[...] En fait, les croyances dépendent ici des structures sociales. Dans son exemple Boudon montre que la solution retenue fut celle des ingénieurs, aussi longtemps qu'ils gardèrent le plus d'influence au Brésil. Les croyances concernant le sous-développement se modifièrent en même temps que les rapports sociaux changèrent au Brésil, c'est à dire lorsque les ingénieurs perdirent leur position dominante. Ainsi dans notre exemple, le comportement des individus dépend de leurs croyances, qui dépendent elles-mêmes des interactions entre les individus. En définitive, toute croyance est rationnelle car l'individu la perçoit comme telle. [...]
[...] Nos croyances ne peuvent donc pas être utiles si elles sont fausses. Pourtant, on va voir qu'elles peuvent donner du sens à nos actions, et par là les rationaliser. Avant tout il faut revenir sur la formulation du sujet et redéfinir la croyance. Jusque-là on s'est contenté de lier rationalité et vérité. Dans ce cas une croyance fausse est évidemment irrationnelle. Mais le problème se pose de la distinction entre croyance vraie et fausse. Comment dire qui a raison de l'athéisme ou du christianisme? [...]
[...] Une croyance semblera donc irrationnelle à un observateur, uniquement si elle n'a pas de sens pour ce dernier. Ainsi, trop de sociocentrisme peut nous faire percevoir les conceptions météorologiques mythiques comme fausses et irrationnelles. Cependant, ce serait une erreur de notre part car ces conceptions donnaient du sens aux sociétés qui les utilisaient. Ainsi, il peut sembler raisonnable de penser que la terre est plate à première vue, mais elle est ronde. Boudon prend ainsi l'exemple du développement du Brésil dans son Dictionnaire critique de la sociologie. [...]
[...] Une croyance fausse peut-elle être rationnelle? La réponse à cette question semble évidente. On a naturellement tendance à associer le rationnel avec le vrai et par conséquent le faux serait irrationnel. Une croyance semble d'ailleurs n'être souvent qu'une opinion personnelle difficilement objective. Pour Pareto la rationalité est la mise en oeuvre des moyens les plus efficaces pour atteindre un certain but. Mais peut-on connaître ces moyens dans de simples croyances? En fait, les croyances paraissent souvent fausses, car ce sont seulement des "énoncés ou jugements que les acteurs sociaux tiennent pour vrai, que ces propositions soient démontrables ou non." Mais nos comportements sont souvent motivés par nos croyances. [...]
[...] Au contraire, les croyances semblent plutôt dépendre de sentiments que d'une pensée rationnelle. Ainsi, la croyance diffère de la connaissance et est une marque d'illusion de la part de celui qui croit. Ainsi, Boudon prend l'exemple des révolutionnaires dans son Dictionnaire critique de la sociologie. Lorsque les révolutionnaires annoncent l'arrivée du grand jour, ils exprimeraient en fait un sentiment d'appartenance au groupe des damnés de la terre, plutôt qu'une prédiction rationnelle de l'avenir. Cette manière de penser décrit avant tout les croyances comme expressives de sentiments, mais, comme chez Weber, on a tendance à distinguer le sentiment du rationnel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture