Lorsque Pascal écrit que « le coeur a ses raisons que la raison ignore », ne veut-il pas signifier que la raison est limitée, inopérante en ce qui concerne les « vérités du coeur », objets de croyance et non de savoir ? (...)
[...] Voilà la devise des Lumières. Mais cela signifie-t-il que toute croyance doive être abolie au nom de la supériorité de la raison ? II. La foi exclut-elle l'usage de la raison ? A. Il faut distinguer croyance naïve et foi Dans les Propos, Alain distingue la croyance crédule de la foi. La crédulité, c'est une pensée agenouillée et bientôt couchée une adhésion incertaine provoquée par la peur de se démasquer, la faiblesse qui commande de renoncer à l'usage de la raison. [...]
[...] Complémentarité de la croyance et de la raison A. La raison au service de la foi On a souvent vu la raison au service de la foi. Par exemple, lors des diverses tentatives de démonstrations de l'existence de Dieu, le raisonnement justifie la croyance, même s'il n'explique pas le tout de cette croyance. Ainsi, Descartes déduit l'existence de Dieu de l'idée du parfait que possède l'homme. Du moins ne peut venir le plus : l'homme, imparfait, ne peut créer l'idée du parfait. [...]
[...] Croire, c'est manquer de connaissance certaine, mais ce n'est pas renoncer à une attitude raisonnable. Descartes, quand il s'engage dans les Méditations, s'autorise une morale provisoire : la morale doit se déduire d'un savoir déjà constitué, ce qui suppose une recherche préalable des principes métaphysiques et physiques qui pourront la fonder. Avant l'instauration de ces principes, il faut se munir de règles de prudence non certaines, mais vraisemblables, croyance relativement raisonnable, mais non encore fondée en raison. C. La mise sous tutelle des hommes due au renoncement à l'usage de la raison Si la croyance est parfois nécessaire, lorsqu'elle s'apparente aux superstitions ou aux rumeurs, apanage de l'opinion, elle est plus novice que bienfaitrice. [...]
[...] Croire contre la raison La foi est la confiance absolue qu'on accorde à la réalité supérieure. Le fidèle s'en remet à Dieu parce qu'il se voit limité face à une puissance infinie. La religion considère l'irrationnel comme ce qui dépasse la raison et lui est supérieur. Je crois parce que c'est absurde écrit Tertullien. C'est justement parce que la raison trouve ici ses limites que l'on est amené à croire. Comprendre et connaître, c'est posséder, dominer. Croire, c'est donc renoncer à l'usage de la raison, abandonner les exigences de preuve et de démonstration. [...]
[...] On ne doit donc pas renoncer à l'usage de la raison, mais seulement à la confusion entre penser et connaître. C. La religion dans les limites de la simple raison Puisque la croyance aveugle peut mener au fanatisme, il ne faut pas renoncer à un usage critique de la raison, mais, comme le propose Kant, penser la religion dans les limites de la simple raison. Dans le Discours de la conformité de la foi avec la raison, Leibniz distingue ce qui est contre la raison et ce qui est au-dessus de la raison. [...]
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