Dans Donovan 's Reef (La Taverne de l'Irlandais), film de John Ford, une jeune fille à moitié polynésienne et à moitié française, Mélanie, dit une prière à la déesse de la vallée. A la millionnaire puritaine, Amelia, qui lui demande si elle croit sérieusement aux dieux et déesses, elle répond: « je crois en un seul Dieu comme nous tous, mais je respecte les croyances et coutumes de mon peuple ». L'ambiguïté du propos rapporté ici tient à ce qu'il formule deux façons différentes d'avoir rapport à des croyances : il y a des croyances comme la croyance aux déesses auxquelles, d'après Mélanie, on peut se plier par tradition, dans le but d'affirmer une identité culturelle ; celles-ci ne doivent pas être confondues avec des croyances auxquelles on adhère intérieurement, comme la croyance en un seul Dieu (...)
[...] (.L'Etre et le Néant). Ce que Sartre veut dire ici, c'est que, primitivement, pour le sujet croyant, sa croyance n'est pas une croyance parmi d'autres: elle est la vérité absolue. Mais dès qu'il l'envisage comme n'étant qu'une croyance parmi d'autres possibles, elle lui apparaît comme ne méritant plus toute sa confiance. Car prendre conscience que nous avons une croyance, c'est prendre conscience de notre absence de preuve pour la justifier: dès que je sais que je crois, je cesse d'avoir confiance en ce que je tenais pour vrai. [...]
[...] Qu'est-ce qu'une croyance? Toute croyance se caractérise par un objet ou contenu de croyance (ce qui est cru), un acte d'assentiment à ce contenu (le fait de croire à ce contenu) et un motif de crédibilité (une raison de croire). Si je crois qu'il va faire beau demain, l'objet de ma croyance est le fait qu'il fera beau demain l'assentiment est le fait que j'y crois (car d'autres n'y croient pas), et le motif peut être la confiance que j'ai en tel ou tel indice météorologique (par exemple, mes douleurs rhumatismales qui s'apaisent). [...]
[...] En effet, le pari pascalien donne des raisons de se comporter extérieurement comme si l'on avait la foi, mais il n'a aucune incidence directe sur la foi en elle-même puisque, de l'aveu même de Pascal, seul Dieu peut communiquer celle-ci, par grâce. Dès lors, il apparaît que le pari conduit non à croire au contenu de la foi catholique mais à faire comme si l'on y croyait. La croyance peut donc difficilement s'assimiler à une décision, puisque par elle-même cette dernière ne procure pas de conviction intérieure relative à son objet, mais une conviction relative à l'intérêt de se conduire comme si l'on y croyait. [...]
[...] On voit bien là qu'une coutume peut perdurer alors même que la croyance s'est éteinte, si cette coutume conforte un intérêt social. C'est d'ailleurs ce que dit à sa manière Mélanie après avoir chanté son ode à la déesse de la vallée. III. La foi n'est pas incompatible avec le savoir, car la foi peut être un acte de confiance en une personne, acte motivé par tout ce que nous savons de cette personne. Dès lors, la foi n'apparaît plus comme une alternative au savoir mais comme un prolongement de celui-ci. [...]
[...] Avoir foi en Dieu, c'est en effet tout spécialement croire ce que Dieu nous dit «car il ne peut ni se tromper, ni nous tromper Cette conception de l'acte de foi implique: - que Dieu existe, ce qui selon Thomas d'Aquin peut faire l'objet d'un savoir démonstratif, indépendant de toute révélation. - que Dieu a proposé à croire à une révélation, révélation qui constitue l'objet de la foi. Le contenu de cette révélation exprime des vérités que l'homme ne peut démontrer par ses propres facultés. - que Dieu a donné des signes, et même, dit la Somme contre les Gentils, des preuves du fait que les prophètes et le Christ par qui il a communiqué sa Révélation sont bien ses messagers. [...]
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