Je vous donne une correction de cette dissertation de philosophie sur le thème de la raison car cela pourra en aider certains.
[...] N'est-on pas alors tenté de seulement l'emporter sur son adversaire ? Et cette possible impuissance de la raison n'est-elle pas justement un des mobiles qui fait craindre à celui qui soutient un point de vue qu'il ne parviendra pas à rendre raison de sa thèse et qu'il a raison de « vouloir avoir raison » bien qu'il ne puisse le démontrer ? II. Sous le voile de la volonté, se cache l'inclination pathologique ou calculatrice de la domination. De la volonté au désir. [...]
[...] Toutefois, nous pouvons suspecter cette volonté de muter en passion et de se faire le vecteur de mobiles moins rationnels que la recherche de la vérité. Alors « vouloir avoir raison » semble dangereux pour cette vérité que la raison cherche à formuler à travers le discours et, en ce cas cette volonté semble critiquable. Par ailleurs, « vouloir avoir raison » suppose une confiance en la raison qui peut être discutée : la raison suffit-elle à garantir la vérité de mon propos ? Est-elle toujours efficace et même nécessaire si tout n'est pas démontrable ? [...]
[...] C'est donc au nom même de l'esprit critique que l'on veut avoir raison, que l'on cherche la vérité et aucun soupçon ne peut peser sur cette intention tant que les moyens mis en œuvre restent justement subordonnés à l'objectif que je me suis fixé : avoir raison qui suppose donc garder raison. A cette condition, il semble donc légitime de vouloir avoir raison. De la légitimité de l'intention à l'efficacité des effets. Cette volonté par ailleurs se distingue d'une simple velléité parce qu'elle s'efforce de tenir la règle, l'engagement qu'elle s'est fixée et qui consiste à vouloir rendre raison de la réalité. [...]
[...] Vouloir avoir raison n'est acceptable qu'à condition d'accepter que l'on puisse avoir tort. Conclusion. Ainsi, nous avons vu que « vouloir avoir raison » aurait pu être le credo légitime de celui qui cherche la vérité plutôt que de prétendre la posséder (c'est en ce sens que Pythagore (582-500) fit le premier usage du mot philosophos). Mais l'expression dans le langage courant vise plutôt à disqualifier celui qui, de mauvaise foi, abuse de la raison et de son auditoire pour des mobiles irrationnels. [...]
[...] Il apparaît alors tout à fait critiquable de vouloir avoir raison en étant indifférent aux exigences de la raison. Ainsi Lakatos (19221974, Histoire et méthodologie des sciences, 1978) et surtout Kuhn (né en 1922, La structure des révolutions scientifiques) souligne que même les scientifiques ont dû mal à abandonner leurs « paradigmes » malgré les « anomalies » que leur oppose la réalité et ils sont parfois conduits à inventer des hypothèses ad hoc pour continuer à donner raison à leur théorie (comme Ptolémée pour maintenir le géocentrisme) ou à exclure du champ d'explication de leur théorie ces anomalies (comme l'orbite de Mercure à son périhélie pour les newtoniens). [...]
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