Demander quels sont les critères du réel, c'est déjà prétendre qu'il y a un réel en soi. La question préalable est alors : qu'est-ce que le réel ? Est réel ce qui ne peut être entamé par une fiction, ce qui exclut toute chimère, toute apparence, toute illusion. Devrons-nous assimiler le réel à l'ensemble des choses actuellement existantes ? Ou plutôt à une vérité vers laquelle nous tendons ? Et - dans ces deux cas - qu'est-ce qui me permet d'appréhender le réel ? Un critère (ou critérium) - vient du grec kriteriôn - désigne la marque qui sert de référence pour distinguer le vrai d'avec le faux, le signe grâce auquel on différencie une chose de toute autre. Qu'est-ce qui me garantit qu'il s'agit de telle ou telle chose ? Quelles sont les connaissances indubitables que nous avons du monde qui nous entoure ? A qui ou à quoi se fier pour savoir si c'est réel ? Comment envisager de répondre exhaustivement à la question : quels sont les critères du réel ? (...)
[...] C'est en supposant des critères du réel que nous approchons le réel, même si ces critères sont faux. La vérité scientifique et philosophique construite et démontrée par la raison n'est qu'un système de représentation du réel. Selon Claude Bernard dans l'Introduction à l'Etude de la Médecine Expérimentale, " les théories que nous possédons sont loin de représenter des vérités immuables. Elles ne sont que des vérités partielles et provisoires qui nous sont nécessaire, comme des degrés sur lesquels nous reposons, pour avancer dans l'investigation. [...]
[...] L'espace et le temps constituent le soubassement du réel. Un point est désormais acquis : l'espace et le temps sont des critères du réel. Ce qui est réel, c'est ce que nous pouvons faire subir au temps, c'est-à-dire sa transformation par l'intermédiaire de l'action. Lorsque l'action est inscrite dans le temps, on ne peut plus revenir en arrière. L'action est donc la véritable expérience du temps. Il suffit de briser une craie en deux pour montrer qu'on ne peut plus modifier l'action lancée dans le processus temporel. [...]
[...] C'est pourquoi Marx soutient que " la religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même. " Et lorsque l'homme tourne autour de lui-même, il est en mesure de choisir ses propres critères du réel. Marx invente un autre critère du réel : le marxisme. Ainsi, il semble qu'il faille détruire les critères du réel pour amener les siens propres. Dès lors, la question n'est plus : quels sont les critères du réel ? [...]
[...] mais : quels sont mes critères du réel ? Autrement dit, qui suis-je ? Et quel est mon positionnement par rapport au monde ? Il n'y a pas de critère universel du réel, parce qu'il n'y a pas de réel autre que la réalité dans laquelle chacun vit à sa façon. La prise de conscience de la réalité perçue élabore progressivement le lien qui unit le moi au monde, et c'est l'affirmation de ma réalité perçue qui devient un critère du réel. [...]
[...] Dès lors, comment l'appréhender ? La raison est pour l'homme un critère du réel beaucoup plus sûr que la perception immédiate, dans la mesure où elle dispose d'un savoir. Et un minimum de savoir permet de comprendre qu'il y a un décalage entre le réel et ce qui nous apparaît comme réel. Il convient de distinguer le réel en soi - immuable et valable pour tout le monde à tout moment - et le réel pour moi - la réalité immédiate telle qu'elle nous est donnée par l'intermédiaire des sens. [...]
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