« La crise actuelle de l'éthique ne peut être pensée que dans sa relation à la crise actuelle de la culture, relation si étroite à vrai dire que ces deux crises se recouvrent et n'en font qu'une et cela parce qu'éthique et culture se recouvrent. »
Michel Henry Phénoménologie de la vie tome 4, « Sur l'éthique et la religion »
Il est aujourd'hui beaucoup question de crise de l'éthique, ainsi les questions de bioéthique, comme par exemple celle de savoir s'il est acceptable de stocker les embryons humains, de les congeler, de les manipuler comme les choses, défrayent-elles la chronique. Cet intérêt pour les questions d'éthique suscite une véritable réflexion au sein de la population. Cependant, cette notion est souvent comprise comme un travail théorique portant sur des questions de mœurs ou de morale, aboutissant à la création de « comités d'éthique ».
Cependant, le philosophe Michel Henry tient à mettre en avant une caractéristique particulière de la crise actuelle de l'éthique, celle-ci ne peut en fait « être pensée que dans sa relation à la crise actuelle de la culture, relation si étroite à vrai dire que ces deux crises se recouvrent et n'en font qu'une et cela parce qu'éthique et culture se recouvrent ». Il met en effet en avant le fait qu'il est aujourd'hui admis que l'action supposerait une représentation.
Or en mettant l'éthique et la culture en étroite relation, Henry désire montrer la présence d'une erreur induite par la science galiléenne. Une erreur qui mène la crise de l'éthique vers les mêmes écueils que la crise de la culture, ce qui l'amène à annoncer que ces deux crises se « recouvrent », comme si l'une cachait l'autre, rendant le phénomène d'autant plus dangereux. Aussi paraît-il important qu'on s'intéresse à cette relation entre la crise de l'éthique et la crise de la culture, et particulièrement aux conséquences de leur recouvrement mutuel.
[...] Henry, une spontanéité de la vie, en totale inadéquation avec le processus de représentation, typiquement galiléen et dont le lieu est l'espace mathématique, lieu qui n'a rien à voir avec la vie. Cette métaphysique de la représentation, en pensant être la condition de possibilité de l'action, en est en fait le principal obstacle. Il convient de s'en débarrasser, pour que l'action soit possible. Si l'éthique n'est pas une discipline normative, c'est parce qu'en fait c'est la vie elle-même qui se prescrit ses normes et ses fins. La vie décide elle-même de sa propre action, sans représentation en provenance d'une discipline extérieure et dans une immédiation essentielle. [...]
[...] Or, dans l'idée de Michel Henry, cette crise de la culture et de l'éthique serait tout bonnement une rupture avec ce qui a toujours constitué l'essence de l'homme : un être vivant, s'auto-transformant par le biais de la culture, dans une perspective de téléologie immanente à la vie (Phénoménologie de la vie t.IV). En l'absence de la ce processus, ce n'est plus d'une crise de l'éthique ou de la culture dont il s'agit, c'est tout simplement de leur suppression Plan de dissertation (DM 24/11/06) 0. [...]
[...] Jean Milner, dans De l'école, évoque ainsi l'exclusion sans pitié du savoir du vent qui tourne, de la terre riche en signes secrets, des matières maniables ou non Ceci se retrouve, notamment en France, par une priorité quasi-absolue accordée aux matières scientifiques, comme les mathématiques, qui sont aujourd'hui un des principaux moyens de sélection dans le système scolaire secondaire français. Or ce savoir scientifique galiléen part du principe qu'il peut tout objectiver, y compris autre chose que les objets mathématiques, et notamment ce qui peut dépendre de la sensibilité. [...]
[...] Ce savoir avait toujours déterminé l'éthique et la culture de l'homme 100. Sens de colère commerce de la nature 101. Savoir originel est donc avant tout savoir-faire 102. Le rôle du corps 11. Le remplacement par le savoir de la science 110. Un savoir exclu de l'école 111. La prétention de la science galiléenne à traiter tout comme objet 112. Exemple de la bioéthique, dont l'échec de la définition montre qu'on fait fausse route 12. [...]
[...] Sa tâche est donc une réflexion sur le rôle de la vie, sur la manière dont elle décide elle- même de sa propre action et aussi surtout sur le but inconscient, sur l'horizon vers lequel elle tend la vie, ce que Michel Henry nomme la téléologie immanente à la vie L'accomplissement des désirs et des besoins obéit à un progrès. L'action n'est donc pas l'a posteriori de l'éthique. Le phénomène serait même plutôt inverse, ou du moins simultané. L'éthique est conditionnée par l'action décidée par la vie, et non le contraire, cette dernière opinion étant celle caractérisant l'actuelle crise de l'éthique. [...]
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