La création fait souvent référence à la création du monde par Dieu qui du néant a fait naître les choses, les hommes, etc. Créer renvoie alors à l'acte par lequel le créateur (par exemple, l'artiste, l'ingénieur ou l'artisan) fait exister une chose qui jusque-là n'existait pas. Conjurer signifie détourner, écarter ce qu'on perçoit souvent comme une menace.
Ainsi, pour en revenir au sujet, on peut dire qu'il y a une certaine opposition entre l'acte créateur et la mort : en effet, la création renvoie à l'existence, tandis que la mort est par définition la non-existence. Si la création fait naître quelque chose d'inédit/ de nouveau, on peut alors se demander s'il est légitime de penser que, de fait, elle conjure la mort, comme l'a dit par exemple Romain Rolland : « Créer, dans l'ordre de la chair, ou dans l'ordre de l'esprit, c'est sortir de la prison du corps. Créer c'est tuer la mort. » Pourtant, l'acte créateur est éphémère, temporaire et daté, donc il semble difficile qu'il lui soit possible d'échapper à la mort.
[...] Le créateur crée pour se rassurer, avoir le sentiment de laisser une trace, et donc appréhender la mort avec plus de sérénité. Ne pouvant pas savoir à quoi ressemble réellement la mort, le créateur, par ces créations, s'en fait une image qui l'aide à apprivoiser la mort qui l'effraie. Conclusion Ainsi, impossible de conjurer la mort par la création, mais possibilité de la sublimer par l'acte créateur, et de se faire à l'idée que l'on est mortel en craignant moins la mort. Donne l'illusion de conjurer la mort, tout en sachant que c'est impossible. [...]
[...] Si la création fait naître quelque chose d'inédit, de nouveau, on peut alors se demander s'il est légitime de penser que, de fait, elle conjure la mort, comme l'a dit par exemple Romain Rolland : Créer, dans l'ordre de la chair, ou dans l'ordre de l'esprit, c'est sortir de la prison du corps. Créer c'est tuer la mort. Pourtant, l'acte créateur est éphémère, temporaire et daté, donc il semble difficile qu'il lui soit possible d'échapper à la mort. ( Peut-on, alors réellement, écarter par un acte créateur, et donc humain, un fait inéluctable et naturel tel que la mort ? Créer est-ce ainsi conjurer/échapper à la mort ? [...]
[...] Ex : les ruines des monuments : le temps passe dessus, elles existent mais différemment. On ne peut donc pas dire que les créations conjurent réellement la mort parce que le temps les efface. De même, pour les créations techniques, elles sont souvent remplacées par de nouvelles créations qui les font alors disparaître. Les stoïciens insistent beaucoup sur ce caractère inéluctable de la mort, de la disparition et du retour au néant. Du reste, s'interroger sur "ce qui survit du créateur" méritait une analyse serrée. [...]
[...] Malraux disait ainsi que l'art est un anti-destin». Le créateur laisse une trace de son passage de par l'œuvre qu'il crée, et dépasse ainsi sa condition, laisse un bout de son existence. De plus, même après leur mort, certains créateurs sont restés dans les mémoires, ce qui prouve bien que par leur acte de création, ils ont réussi à faire vivre leur existence au-delà de la mort. Ainsi, Léonard de Vinci, par exemple, est mort depuis longtemps, et pourtant la Joconde est encore là, et admirée par des millions de gens chaque année. [...]
[...] La création, si elle dédramatise la mort, ne permet pas de la conjurer, puisqu'elle s'en nourrit. III. Conjurer non pas la mort mais la peur de mourir Epicure souligne qu'il est impossible de connaître ce qu'est la mort. De fait, il apparaît impossible de la conjurer, pour l'excellente raison que nous n'avons rigoureusement aucun indice quant aux moyens à employer pour la conjurer. Dans cette perspective, tout ce que l'oeuvre d'art peut accomplir serait - et cette réussite se présente déjà comme considérable - de conjurer non la mort, mais bien la peur de la mort. [...]
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