L'esprit humain est tel que spontanément, il n'est pas capable d'adopter une perspective scientifique. Toutes les représentations spontanées du réel sont affectivement valorisées : elles traduisent des besoins, des craintes, des espoirs ... en « connaissances ». Les opinions sont les indices de nos états d'âmes.
« Par notre premier choix, l'objet nous désigne plus que nous le désignons, et ce que nous croyons être nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit », G. Bachelard
L'opinion manifeste une vision de la vérité et de la réalité, non un reflet de la réalité. L'opinion, c'est le domaine du [...]
[...] A chacun ses opinions ! Celui qui opine, au fond, confond les choses avec les résonances qu'elles ont en lui. Le domaine des opinions n'est pas le premier mot de la science. > Mais l'entreprise scientifique ne s'inaugure jamais à partir de rien Si l'opinion est fausse, c'est en droit. En fait, une opinion peut s'avérer vraie à qui s'est livré au détour nécessaire à sa justification rationnelle et réussie. Seul le travail de la peur peut éventuellement accorder au contenu de l'opinion un caractère scientifique. [...]
[...] La vérité n'est jamais l'objet d'un constat. Ce n'est jamais la vérité qui est première , mais nos erreurs. C'est donc bien au sein de nos erreurs, et contre elles, que la vérité se forme. L'homme de science ne peut donc faire l'économie d'un effort contre lui-même, c'est-à-dire contre les théories forcément accréditées, dans lesquelles il menace toujours de se laisser enfermer. L'erreur est toujours aveugle à la détermination. Pour nous rendre capables de les apercevoir, notre seule issue est de penser, c'est-à-dire de parier qu'on a pensé de travers (L'esprit n'est jamais réprimander par l'objet). [...]
[...] Si donc la science ne commence pas par l'opinion, il est impossible de concevoir comment on pourrait passer directement de l'ignorance complète au savoir. Il faut reconnaître une certaine positivité de nos erreurs, ou plutôt dans nos erreurs. Une observation n'est possible qu'autant qu'elle est positivement dirigée et finalement interprétée par une idée directrice. L'homme de science ne saurait se dispenser de cette obligation fondamentale. Toute observation isolée, entièrement empirique est essentiellement oiseuse, et radicalement incertaine. Aucune perception n'est pure de toute contamination théorique. Il ne saurait y avoir de degré 0 de l'intelligence. Un fait connu n'est jamais immédiatement une richesse. [...]
[...] Dans l'activité scientifique, G. Bachelard parle de la nécessité d'un renoncement à son intellectualité (déformer les théories, plutôt que de passer tout son temps à les confirmer). > Conclusion Toute connaissance éclaire, mais en même temps obnubile aussi l'esprit, l'empêche de regarder ailleurs, c'est-à-dire là où il serait possible d'apercevoir l'inaperçu, c'est-à-dire ce qui serait susceptible de relativiser l'acquis, d'y déceler des erreurs. L'esprit a toujours tendance à se satisfaire de lui-même. L'obstacle à la progression des savoirs est dans l'esprit même. [...]
[...] L'erreur dissimule d'autant mieux le vrai qu'elle le simule bien. Le faux, c'est le vraisemblable, sinon nous ne serions jamais sujets à l'erreur. La vraisemblance, c'est la trajectoire de la vérité H. Grenier Ce qu'il faut comprendre, c'est que la connaissance n'est pas à concevoir comme la simple captation de la vérité indépendante de l'acte où elle se pose. C'est moi qui suis l'auteur de la vivacité de mon jugement, ou le dupé de sa vraisemblance. L'homme de science est toujours, absolument parlant, dans l'erreur. [...]
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