La connaissance d'autrui est toujours problématique, est-elle même possible ? Comment puis-je accéder à l'intériorité d'une conscience qui occupe sur elle-même et sur le monde un point de vue unique à partir duquel se déploient des significations qui lui sont propres. Tout au plus pouvons-nous tenter de connaître autrui sur le mode de l'analogie : (...)
[...] Ce n'est pas moi, c'est autrui qui rend la perception possible : le premier effet de la présence d'autrui, c'est la distinction de ma conscience et de son objet. Autrui est le tribunal de la réalité, pour discuter, affimer, vérifier ce que je crois voir. Autrui est ce qui vient briser l'intimité (fausse) de la conscience et de son objet, ce qui vient arracher le moi à l'éternel présent. Autrui est ce qui vient troubler le monde (c'est-à-dire une certaine vision du monde). Autrui peuple le monde d'autres possibilités que les miennes. > L'épreuve du regard C'est le fondement constitutif de toute relation à autrui. [...]
[...] Si autrui se dérobe au savoir que je crois posséder sur lui, ce n'est pas seulement parce qu'il diffère de moi, mais aussi, et sûrement plus essentiellement encore, parce qu'il diffère de lui-même. Il est par suite imprévisible aux autres et à lui-même. Connaître, c'est pourtant prévoir. Si autrui surprend et change, c'est parce qu'il n'est pas un objet (inscrit dans un réseau de régularités repérables), mais un sujet dont l'identité n'est jamais donnée une fois pour toutes, mais au contraire sans cesse construite et assumée librement. [...]
[...] C'est à travers autrui que je peux atteindre un savoir sur moi-même. L'Autre est médiateur indispensable entre moi et moi-même. Introspection : Je me juge Néant Autrui me fige, m'aliène , mais aussi me libère , en m'arrachant au repli frileux où la conscience solitaire pourrait se réfugier. Impossible de se retirer, impossible de se retirer de la communication. Même absent, autrui habite ma solitude. Autrui est ce par quoi se constitue indéfiniment mon rapport à moi-même et au monde. > Le conflit des consciences Chacun recherche la reconnaissance par l'autre. [...]
[...] C'est par le conflit que toute conscience s'érige et se forge. Chaque conscience tend spontanément à se faire reconnaître par une autre conscience comme libre, et nie par conséquent la réalité naturelle du donné pour marquer son indépendance. Au sens du conflit, la conscience serve est celle qui renonce la première, s'attachant plus à sa propre vie qu'à la liberté. Il s'agit toujours de montrer à l'autre, et par là à soi-même, qu'on ne se réduit pas à l'Animalité, c'est-à-dire à la vie biologique. [...]
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