On ne peut pas manquer de remarquer la contradiction de la question posée : si l'on est libre, « il ne faut » rien. Telle est la liberté. C'est l'absence de contrainte, donc, en principe, l'absence de voir, d'obligation quelle qu'elle soit. Etre libre, c'est donc faire ce que bon nous semble, faire n'importe quoi éventuellement, ne pas se donner de plan, ne pas se contrôler soi même (...)
[...] Pour être Libre, faut-il Savoir ce que l'on Fait ? L a formulation même de la question pour être libre, faut-il savoir ce que l'on fait ? peut sembler paradoxale, car si la liberté est l'absence de contrainte, comment justifier l'exigence exprimée dans l'expression il faut ? Cette obligation de savoir ce que l'on fait n'est-elle pas une condition extrêmement dure, qui rendrait presque la liberté impossible ? Car sait-on vraiment jamais ce que l'on fait, peut on le mesurer jusque dans ses dernières conséquences ? [...]
[...] Dans cette logique, le savoir semble avoir une influence néfaste sur le faire Savoir, c'est, ici, se représenter ce que l'on fait. Mais la représentation redouble nos actes et, en quelque sorte, les alourdit, provoque des frictions en les rendant moins efficaces. Hamlet, le personnage de Shakespeare, dans le fameux monologue to be or not to be s'interroge sur les raisons qui le retiennent d'assassiner son oncle (meurtrier de son père). C'est la peur de la mort, dit-il, qui nous retient de mener des actions risquées. [...]
[...] Mais il faut bien comprendre que ce saut dans l'inconnu qui fait les grands hommes n'est pas l'ignorance bête. Ce saut dans l'inconnu, cet audacieux dépassement de la raison qui a besoin de l'impulsion des passions, n'est possible que pour celui qui sait déjà tout ce qu'il y a à savoir, qui maîtrise toutes les techniques de son temps. Ce n'est pas l'ignorance, c'est plutôt ce point limite où le savoir se dépasse lui-même. La question de l'art nous en donnera une bonne illustration. [...]
[...] N otre liberté, pas plus que notre savoir, ne sera jamais absolue. Cela n'empêche qu'il existe des degrés de liberté. Celui qui se libère d'une contrainte qu'il a jadis éprouvée sait qu'il est plus libre qu'il ne l'était et que d'autres ne le sont. Le savoir est assurément une des clés de cette liberté. C'est parce que l'on connaît les lois de la nature qu'on peut les mettre en œuvre à notre profit ; c'est parce que l'on connaît les lois de la société dans laquelle on vit que l'on peut y évoluer et y progresser ; c'est parce que l'on se connait soi même que, conformément à le devise de Socrate connais-toi toi-même on peut se conduire de manière maîtrisée et mesurée. [...]
[...] En ce sens, pour Descartes, on est d'autant plus libre que l'on sait ce que l'on fait. L'exemple que prend Descartes pour justifier son propos est celui de l'âne de Buridan : on imagine un âne qui aurait également faim et également soif, et qui serait exactement à égale distance d'un seau d'avoine et d'un seau d'eau : comme rien ne le pousserait à aller plus vers l'un que vers l'autre, il se laisserait mourir de faim et de soif entre les deux. [...]
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