Nous vivons dans un monde qui s'est forgé au fil de son histoire une culture, un certain sens des valeurs auquel tout un chacun ne peut échapper tant il en est imprégné dans son corps, sans même parfois en avoir conscience. Des valeurs telles que le bien et le mal sont inscrites sur notre épiderme à l'encre sympathique de notre esprit, et nous voguons de par le monde qui nous entoure avec leur poids sur nos épaules, faisant de nos actes, de nos gestes et de nos actions les hérauts silencieux de celles-ci. À l'évidence, les relations que nous entretenons avec le monde et avec autrui ne peuvent faire l'économie de notre corps. En effet, comment évoluer dans le monde, sans corps ? Tout rapport, tout contact entre les hommes supposent qu'ils aient un corps, et ce, même avec les techniques de communication virtuelles les plus modernes. De sorte que lorsque nous entrons en contact avec le monde, avec autrui, il nous est impossible de décharger notre corps des valeurs qui l'imprègnent, comme l'on peut se défaire d'un vêtement.
Ainsi, nous offrons aux autres sans le savoir, sans même le vouloir, les valeurs de mal et de bien que nous portons en nous, sur nous devrait-on plutôt dire, depuis des millénaires. Faut-il pour autant considérer notre corps comme un mal ou comme un bien ? Notre corps peut-il être pensé comme un mal ? Et si oui, dans quelle mesure peut-il l'être ?
En vue de cela nous aborderons le corps sous diverses perspectives. En premier lieu nous nous attacherons à voir si le corps physiologique, pathologique, peut être pensé comme un mal. Puis nous mettrons l'accent sur la double dimension de l'homme, en tant que composé âme/corps afin d'éclairer notre propos. Et enfin, nous envisagerons le corps dans sa dimension éthique, en tant qu'il est porteur de valeurs morales lui conférant peut-être un caractère plus positif que négatif.
[...] Néanmoins, peut- on pour autant affirmer que le corps est un mal simplement parce qu'il est sujet à la maladie ? Nietzsche, dans la préface du Gai Savoir affirme le contraire. Pour lui, la maladie se révèle utile et même indispensable. Elle peut rendre l'homme plus fort en suscitant le désir de la combattre. Elle est un sain obstacle à la santé normale dans le sens où cette dernière nous poussent vers un certain confort suspect, un équilibre paisible, et donc vers une forme de faiblesse puisqu'elle entrave l'action. [...]
[...] Ce n'est que par le plaisir que l'on retire de nos actions que l'on peut accéder au bonheur, dans le sens où comme le définissait déjà Epicure dans la Lettre à Ménécée, le plaisir est principalement l'absence de trouble pour le corps. Du coup, le plaisir réside dans la bonne santé du corps et donc dans la tranquillité de l'âme. Ainsi nos désirs s'attachent aux plaisirs du corps, seules possibilités de tranquillité pour l'âme ; Tranquillité lui permettant de se tourner vers la recherche du bien, vers le désir du bonheur. [...]
[...] Du coup, le corps sensible ne peut être pensé que comme un bien, et aucunement comme un mal, dans le double sens où sans corps pas d'existence pour l'âme, et sans corps pas d'accès au vrai. Certes, nous pouvons considérer comme Platon que le corps détourne l'âme du vrai parce que le souci de celui-ci peut nous occuper tout le temps de la vie en tant qu'il s'attache à sa préservation propre, mais aussi aux objets extérieurs qui excitent nos passions. [...]
[...] Pensée qui accorde une certaine valeur éthique à la chair en tant qu'elle peut être un instrument de bien. En effet, la pensée chrétienne accorde une certaine valeur éthique à la chair, et par extension au corps dans la mesure où l'homme s'attache par nature à rechercher le bonheur tout au long de son existence et au-delà à atteindre le bonheur suprême en revenant aux sources du jardin d'Eden. Ce bien suprême, l'homme y accède par le salut de son âme, après une existence terrestre conforme à la morale prescrite dans les Ecritures et interprétée par l'Eglise, qui ne peut l'être que par le corps, car celui-ci est notre seul accès au monde. [...]
[...] Le corps objectif n'est ni un bien ni un mal, il est, tout simplement. Il en résulte donc, que le corps dans sa relation avec la mort, ne peut être pensé comme un mal que dans le cadre du rapport qu'il entretient avec l'âme à laquelle il est attaché. En effet, si, comme tend à le prouver la science, le corps et l'esprit entretiennent d'étroites relations d'interdépendances, entre le sensible et l'intelligible, alors il convient de s'attacher à celles-ci pour résoudre le problème qui nous occupe. [...]
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