Le rapport entre corps et esprit chez Schopenhauer dans son ouvrage 'Le Monde comme volonté et comme représentation' est tout à fait fondamental, mais aussi très problématique. D'une part, l'introduction de la pensée du corps permet à l'auteur d'introduire une dimension existentielle dans une philosophie qui, avec la pointe kantienne, se trouvait totalement enfermée dans une sphère formelle, en y entraînant le sujet. Et ainsi, nous pensons par l'influence de la philosophie hindoue qui opère un discours total sur l'être et dont la raison n'est qu'un des aspects, donner dans un premier temps le corps comme le lieu de possibilité d'une expérience en deçà du principe de la raison et du voile des Mayas. C'est dans la synthèse de ces deux concepts que Schopenhauer cristallise les apports kantien et hindou.
Son second point sera de restituer le sujet formel de la voie cartésienne au monde, non plus comme substance séparée, mais comme produit d'un acte ontologique universel, un acte de la volonté dont le premier lieu est le corps individuel, car c'est à travers lui qu'une conscience apparaît dans ses déterminations formelles. Le sujet ne donne plus forme comme upokaimenon, il la reçoit dans sa conscience et la reflète dans sa perception.
Dans un troisième temps la perception de l'idée devient pour le sujet le lieu d'une perception spirituelle d'où le sujet est détaché du corps et des formes de la connaissance qu'il lui imposait. C'est un véritable renversement ontologique que le sujet subit, il perçoit la matrice phénoménale, l'acte de la volonté qui constitue le monde et opère une redéfinition du monde, car ils ne subsistent plus que comme un acte de connaissance dans lequel la volonté s'épuise.
C'est alors dans un quatrième temps que nous pourrons dessiner une problématique finale : comment un corps, unique acte de la volonté, peut-il être le lieu d'un antagonisme de la substance dans la mesure celle-ci s'y produit également comme connaissance, et lutte pour la suprématie du corps et de la conscience qu'il avait produite.
[...] Mon corps est la condition de la connaissance de ma volonté. Nous avons une conscience toute différente de notre corps que de tout autre objet. Mon corps est le seul individu réel au monde, le seul phénomène de volonté, le seul objet immédiat du sujet. L'homme à sa racine dans le monde, il en fait parti comme individu par l'existence de son corps. La Volonté lui découvre la signification de sa propre existence phénoménale, la force intérieure qui fait son être, ses actions, son mouvement. [...]
[...] Les deux premiers points se rapportent au second livre, puis les deux suivant aux troisième et quatrième livrent. Toutes les citations sont extraites du Monde, sauf mention contraire. (Voir bibliographie) Le premier livre du Monde s'intitule : Le monde comme représentation Il y énonce en substance l'idée selon laquelle l'ensemble de l'expérience perceptive humaine n'existe que comme représentation dans son rapport à un sujet percevant. Il s'agit là d'une vérité à priori qui définit le mode de toute expérience possible. [...]
[...] Non dans un but métaphysique propre aux desseins d'un esprit, comme le définira Hegel dont Schopenhauer est le farouche adversaire, mais comme une nécessité organique et aveugle visant à servir des intérêts de même nature. Il n'y a même pas de projet évolutif dans la conscience, elle est paradoxalement juste là pour assurer la fonctionnalité d'un organisme qui veut rester à son niveau de fonctionnement, dans le même schématisme aveugle. Elle est un accident et ce n'est que par accident que la connaissance deviendra le lieu d'une émancipation. [...]
[...] Acte de connaissance et acte de volonté sont radicalement opposés et demandent de reporter la scission au sein même de la substance. La simple différence de niveau d'objectivation n'est pas suffisante pour expliquer l'opposition : dans la mesure où il n'y a aucune continuité entre eux, elle ne se résout pas dans un simple changement de point de vu. C'est un renversement ontologique qui se produit ici, si l'on doit éviter de dualiser la substance même, il convient de fournir sa possibilité ontologique, c'est-à-dire la solution de continuité ontologique sans traduction phénoménale, donnant lieu à cette opposition radicale. [...]
[...] Le sujet est conditionné dans ces phénomènes qui agissent par et à travers lui. Le moi ne suis qu'un corps qui arrive à la conscience. Je veux signifie exactement le corps veut illusion liberté isolement intellect Et ici se trouve développé le thème de la généalogie de la conscience et du moi comme et que reprendra de façon plus centrale Nietzsche. Chapitre XX p 958-959 : La volonté se présente, dans le corps humain et l'animal, comme volonté consciente. La nécessité d'une conscience provient de la complication croissante de l'organisme, les actes volontaires devant être dirigés par des motifs. [...]
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