C'est souvent à partir des situations exceptionnelles et dramatiques que la question de la propriété du corps humain se trouve posée dans nos sociétés : les débats relatifs à l'euthanasie en sont la preuve indéniable. Puis-je disposer librement de mon corps ? J'ai un corps dans le sens où j'en suis un. Je n'ai pas un corps comme j'ai une voiture : « Le corps n'est pas un tas de viande ou équivalent d'une somme d'argent » dira Fenouillet. Lorsque je suis en adéquation avec mon corps, celui-ci disparaît. Paradoxalement, quand je suis malade, quand je me sens mal à l'aise face à une situation, je le sens et je suis gêné par lui. A ce moment là, mon corps se rappelle à moi. J'ai donc conscience d'avoir un corps mais en suis-je l'unique propriétaire ? Mon corps m'appartient-il exclusivement ?
On soulève ici la question d'avoir un corps, de le posséder c'est-à-dire de l'avoir à sa disposition de façon effective et exclusive. Ainsi, mon corps m'appartient si, et seulement si, je le possède exclusivement. Mais qu'est-ce que le corps précisément ? C'est la partie matérielle des êtres animés, c'est l'organisme humain, par opposition à l'âme. Traiter du corps ne peut donc se faire sans mentionner l'esprit de l'homme. S'il ne fait aucun doute que l'on est le garant légitime de son âme, de son esprit, la question est beaucoup plus délicate lorsqu'il s'agit de son corps. Si j'étais propriétaire de mon corps, je pourrais demander à être rémunéré pour des dons d'organes ou de sang. Mais aussi, mon voisin n'a pas le pouvoir de posséder mon corps pour en disposer quand il le souhaiterait. Alors, suis-je vraiment le propriétaire de mon corps ?
La première réponse qui nous vient à l'esprit est que notre corps nous appartient. Alors en quoi ceci est-il perceptible ? Puis, nous verrons en quoi nous ne sommes pas les propriétaires exclusifs de notre organisme. Enfin si nous ne le possédons pas, nous pouvons néanmoins essayer de le maîtriser grâce à l'esprit.
Mon corps m'appartient.
Le corps, et surtout la revendication de la libre disposition de son corps, est devenu un fait banal dans le paysage contemporain et cela depuis quelques événements qui font date : en mai 1968, les jeunes femmes qui défilaient scandaient « notre corps nous appartient ». Depuis, des progrès considérables ont été faits pour s'approprier son corps, pour le posséder : l'adoption de la loi sur l'IVG, la première fécondation in vitro, la dépénalisation de l'homosexualité, etc.
L'avancée la plus significative et la plus représentative de cette appropriation exclusive du corps à la personne est l'acceptation par la société de la chirurgie esthétique. Alors qu'il y a encore quelques années, on jetait le discrédit sur une femme qui avait recours à la chirurgie esthétique pour répondre à un malaise ou à une simple envie, il n'en est plus rien aujourd'hui et les différentes émissions diffusées à la télévision à ce sujet en attestent bien. Assumer sa féminité, c'est accepter son corps voire le modifier pour qu'il corresponde à ses espérances. La femme est donc bien la propriétaire unique de son corps car c'est elle et elle seule qui prend l'initiative de le modifier. Aucune force supérieure ne l'y a forcée et son indépendance explique son droit de propriété unique. Il ne faut pas non plus oublier que ce changement des mentalités continue à s'opérer notamment concernant la chirurgie esthétique appliquée aux hommes. Mais s'il est admis dans la conscience collective que l'individu est le propriétaire exclusif de son corps, qu'en est-il d'un point de vue juridique ?
[...] Il peut donner son enfant en adoption ou, par contrat volontaire, vendre les droits qu'il détient sur lui. Autrement dit, nous devons accepter que le marché libre des enfants connaisse un grand développement dans une société totalement libre Nous constatons ainsi la logique implacable des conséquences d'un droit de propriété sur soi qui est en réalité un risque extrême. Ainsi, l'individu est propriétaire de son corps mais on voit que cela peut mener à des dérives si l'on considère que ce droit de propriété est exclusif. [...]
[...] Mon corps n'appartient-il qu'à moi? C'est souvent à partir des situations exceptionnelles et dramatiques que la question de la propriété du corps humain se trouve posée dans nos sociétés : les débats relatifs à l'euthanasie en sont la preuve indéniable. Puis-je disposer librement de mon corps ? J'ai un corps dans le sens où j'en suis un. Je n'ai pas un corps comme j'ai une voiture : Le corps n'est pas un tas de viande ou équivalent d'une somme d'argent dira Fenouillet. [...]
[...] En effet, la dégradation possible qui s'ensuivrait dégraderait l'individu propriétaire de son corps, mais concernerait aussi l'homme en général. En effet, se dégradant lui même, l'individu dégrade par là même l'idée d'humanité qu'il incarne et représente malgré tout. Jean-Pierre Baud, dans L'affaire de la main volée, une histoire juridique du corps, illustre bien le fait que l'homme n'est pas le propriétaire de son corps d'après la loi. Victime d'un accident horrible, je me retrouve à la fois inconscient, et la main arrachée. Mon voisin, me voyant dans cet état, en profite pour s'emparer de ma main. [...]
[...] Dans L'être et le néant, Sartre explique que quand autrui me regarde, il me transforme en chose (il me chosifie car Je reconnais que je suis comme autrui me voit il me met en danger car je me découvre en position d'objet. Autrui, par son existence même, me fait tomber dans le monde des choses. Les autres nous transforment en choses en niant la dimension intérieure qui fait, à nos propres yeux, notre valeur (le garçon de café n'est pas seulement un garçon de café : c'est un homme fait de qualités et de défauts que nous ne pouvons connaître). Mon corps devient un objet qui m'échappe et que les autres s'approprient. [...]
[...] Mon corps m'appartient. Le corps, et surtout la revendication de la libre disposition de son corps, est devenu un fait banal dans le paysage contemporain et cela depuis quelques événements qui font date : en mai 1968, les jeunes femmes qui défilaient scandaient notre corps nous appartient Depuis, des progrès considérables ont été faits pour s'approprier son corps, pour le posséder : l'adoption de la loi sur l'IVG, la première fécondation in vitro, la dépénalisation de l'homosexualité, etc. L'avancée la plus significative et la plus représentative de cette appropriation exclusive du corps à la personne est l'acceptation par la société de la chirurgie esthétique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture