Démontre-t-on pour convaincre ou pour établir une vérité ?

Résumé du document

L'utilisation de la démonstration a commencé dès la Grèce Antique, grâce aux géomètres, qui ne se contentèrent plus de mesurer des longueurs réelles, mais étudièrent également les propriétés des figures et leurs rapports avec les nombres. Ainsi démontrer n'est pas simplement se contenter d'observer les choses, mais se donner les moyens d'établir la nécessité aussi bien que la vérité d'une conclusion, grâce au seul enchaînement des propositions d'un discours. Mais quel est le but d'une démonstration ? Démontre-t-on pour convaincre ou pour établir une vérité ? « Convaincre » est le fait d'obtenir de quelqu'un, à l'aide d'arguments ou de preuves rationnelles la reconnaissance, c'est-à-dire l'aveu de son interlocuteur, de la véracité d'une proposition. Tandis que « établir une vérité » implique d'instaurer une vérité, cette dernière représentant les jugements auxquels on ne peut qu'accorder assentiment, c'est-à-dire qui s'imposent à notre esprit et à tout autre esprit, et qui est le fondement de l'accord universel entre les esprits. Ainsi le vrai est l'adéquation entre l'intelligence qui conçoit, donc l'esprit, et la réalité (...)

Extraits

[...] L'exemple le plus célèbre est sans doute la réponse à la question : Socrate est-il mortel ? A partir des deux propositions Tous les hommes sont mortels et Socrate est un homme on peut déduire que Socrate est mortel La science du syllogisme est une science des formes du raisonnement, des différents enchaînements et combinaisons de proposition à partir de laquelle on peut juger de la validité des raisonnements indépendamment de ce à quoi renvoient les termes dans la réalité. [...]

[...] Ce n'est pas pour autant qu'elles sont dans l'erreur, si tel était le cas, elles se seraient éteintes depuis longtemps. Deuxièmement, la réalité n'est pas réductible aux seules règles de la raison. La preuve en est que la science, bien que parfaitement cohérente, s'est abusée et se trompera encore. Il ne faut pas attribuer à la science la vertu de tout expliquer par des raisonnements et des enchaînements purement logique, car la réalité humaine lui échappe totalement parce qu'elle ne peut être expérimentée comme les phénomènes nécessaires. [...]

[...] Aristote précise également que nous devons utiliser la démonstration avec justesse et dans des cas très précis : c'est de l'ignorance, en effet, que de ne pas distinguer ce qui a besoin de démonstration et ce qui n'en a pas besoin (Métaphysique, Livre IV). Par conséquent, la démonstration n'a pas pour but premier d'établir une vérité dans tous les domaines car elle n'est pas adapté à cette tâche. A travers ce problème concernant le rôle d'une démonstration, nous pouvons affirmer qu'elle est adéquat pour convaincre un individu et remettre en cause ses croyances. Cependant, elle reste limitée dans le fait d'établir une vérité, car elle comporte de nombreuses conditions sine qua non pour être appliquée. [...]

[...] En outre, une démonstration suffit-elle pour établir une vérité ? La vérité se fonde sur le principe de non-contradiction, pour qu'une thèse soit vraie, son raisonnement doit-être logiquement cohérent. En effet partout où il y a contradiction, il ne peut y avoir vérité. On est obligé d'admettre que, en philosophie comme en science, le critère de cohérence est la norme de tout raisonnement vrai. Afin d'éviter les mauvais raisonnements, Aristote a conçu des règles qui permettent, à partir d'une donnée de départ, d'aboutir à une conclusion juste. [...]

[...] Mais l'inverse ne gratifie en rien sa véracité. C'est sur ce même principe que le domaine scientifique opère, sur le modèle de la déduction, on émet une hypothèse dont on va tester la valider avec des tests expérimentaux. Si les tests aboutissent à des conclusions attendues, alors la démonstration atteste de la pertinence de l'hypothèse, si au contraire les tests sont incohérents, alors l'hypothèse est réfutée. Ainsi la science procède toujours par réfutation, jamais par confirmation, c'est ce qui caractérise son objectivité sur les phénomènes nécessaires. [...]