Michel Foucault (1926-1984), s'est efforcé de montrer que les représentations globales des phénomènes sociaux et humains, considérées souvent comme des vérités immuables, constituent en fait des unités discursives spécifiques, susceptibles de changer radicalement à mesure que les spécialistes adoptent des approches différentes. Ses recherches s'inscrivent dans la lignée de la pensée de Karl Marx, Sigmund Freud et du positivisme français. Michel Foucault livre des conceptions novatrices, qui débouchent sur une remise en question de toutes les représentations communes, notamment sur l'hôpital et la « folie », les prisons, la police, le système. Nous nous intéresserons, ici, au concept de contrôle social dans la pensée de Foucault.
Le contrôle social est l'ensemble des moyens mis en œuvre dans une société ou un groupe social pour faire en sorte que ses membres se conforment aux normes et aux règles dominantes. La notion de contrôle social trouve ses origines aux États-Unis lorsque, dans les années 1920, des sociologues de l'école de Chicago l'utilisent en référence à la délinquance des immigrés de la seconde génération dans les grandes villes américaines. Ils imputent ce phénomène à l'affaiblissement de l'autorité exercée sur les délinquants par leurs familles et par la faiblesse des sanctions de l'opinion publique et celles, plus formelles, du droit. La notion de contrôle social recoupe alors la notion de socialisation, processus par lequel sont transmises la plupart des normes sociales. Dans le Système social (1951), Talcott Parsons propose une approche plus limitative du contrôle social, qu'il définit comme le « processus par lequel, à travers l'imposition de sanctions, la conduite déviante est contrecarrée et la stabilité sociale maintenue ».
Les deux philosophes qui influencent le plus la pensée de Foucault sont Friedrich Nietzsche et Martin Heidegger. Le premier soutient que la conduite humaine est motivée par une volonté de puissance et que les valeurs traditionnelles ont perdu leur emprise sur la société. Martin Heidegger critique pour sa part ce qu'il appelle « notre compréhension technologique commune de l'être ». Michel Foucault explore à son tour la mutation des structures du pouvoir au sein de la société et les multiples mécanismes par lesquels le pouvoir se rattache au moi. Il étudie les règles fluctuantes qui sont susceptibles d'entrer en jeu dans les discours politiques des différentes périodes.
[...] Ils produisent des savoirs (les sciences humaines, par exemple, énoncent les savoirs des normes nécessaires pour définir qui s'en écarte), ils individualisent (dans un système de discipline, l'enfant est plus individualisé que l'adulte, le malade que l'homme sain, le fou que l'homme normal etc.), ils veulent gérer la vie et cherchent à se faire désirer, aimer (le patron est étymologiquement le père, on parle de mère patrie, de Dieu le père etc.). Si tu ne m'obéis pas, je ne t'aime plus telle est la formule plus ou moins implicite du micro-pouvoir qui utilise le jeu de la séduction pour mieux asservir. Quand le pouvoir politique impose ses lois, les micro-pouvoirs imposent des normes. Pouvoir et savoir sont liés. L'exercice de ces pouvoirs s'appuie sur des savoirs. [...]
[...] Pour certains chercheurs, le livre sur les prisons est emblématique d'une époque, d'un «premier» Foucault, auxquels ils opposent une seconde facette à sa pensée. A la fin des années 1970, après l'hypothèse répressive de micro-pouvoirs institutionnels dans l'avènement des sociétés modernes, les étudiants et le public du Collège de France ont droit à une analyse de l'Etat et du libéralisme. Après avoir exprimé les rapports de pouvoirs et de domination à partir de la métaphore guerrière (luttes, batailles, etc.), Foucault propose une vision plus complexe des rapports sociaux pour les qualifier à partir de la métaphore pastorale ou de l'art du gouvernement des hommes. [...]
[...] La prison est une «machine à punir» le corps criminel, comme l'hôpital est une «machine à guérir» le corps malade. Le modèle de la discipline carcérale contamine l'économie du contrôle social d'autres institutions : caserne, école, manufacture, usine, maison de correction. Lieu de savoir sur le milieu criminel grâce aux sciences sociales (médecine pénitentiaire, statistiques, criminologie, etc.), la prison perdure en échouant dans la prévention du crime. Marquant le corps des détenus, elle génère le modèle de surveillance indispensable au contrôle social des «classes laborieuses» pour le profit des classes dominantes. [...]
[...] Dire que la prison a une histoire pour Foucault, un double intérêt. D'une part, au strict plan historique, il montre que la prison n'a pas toujours existé, mais est née à un moment bien déterminé et pour des raisons extrêmement précises, d'ordre économique, social et politique. Mais, d'autre part, au plan militant, ce qui se profile aussi dans cette histoire, c'est l'effacement, inéluctable à terme, de cette institution. Foucault brosse dans Surveiller et punir la généalogie du pouvoir sur le corps de chacun. [...]
[...] Nous nous intéresserons, ici, au concept de contrôle social dans la pensée de Foucault. Le contrôle social est l'ensemble des moyens mis en œuvre dans une société ou un groupe social pour faire en sorte que ses membres se conforment aux normes et aux règles dominantes. La notion de contrôle social trouve ses origines aux États-Unis lorsque, dans les années 1920, des sociologues de l'école de Chicago l'utilisent en référence à la délinquance des immigrés de la seconde génération dans les grandes villes américaines. [...]
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