Il semble presque incongru de nos jours d'imaginer les hommes dans une situation d'indépendance totale les uns envers les autres. En effet, chacun dans sa vie quotidienne a besoin de l'autre et en dépend. Le bon fonctionnement de la société repose sur l'échange, les relations marchandes, le secteur tertiaire. C'est donc que les hommes ont le besoin de s'associer pour subsister, mais aussi pour être heureux. L'homme n'est pas solitaire, il appartient toujours à un groupe, de plus en plus large et englobant : la famille en constitue le premier cercle. "C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes qui portent nos coeurs à l'humanité (...). Tout attachement est un signe d'insuffisance : si chacun de nous n'avait nul besoin des autres, il ne songerait guère à s'unir à eux" (...)
[...] C'est là justement la définition idéale que nous donnons aujourd'hui de la démocratie. Le contrat a beau être fictif puisque ses termes n'ont jamais été énoncés, il consiste, pour les individus cherchant à instituer le pouvoir commun, à échanger leur liberté contre la sécurité et la paix. Le droit absolu de l'individu à sa sécurité (le droit de nature) pousse les hommes à l'association pour survivre dans l'état de nature, la guerre. Le pouvoir politique est un artifice destiné à satisfaire ce droit individuel. [...]
[...] Avec Rome, cette distinction entre domaine privé et public est à la fois conservée et déplacée, puisque la societas désigne, par exemple chez Sénèque, toute alliance conclue dans un but politique. Le contrat politique de Rousseau est ainsi un contrat "social". Le contrat est donc le droit que produisent les citoyens eux-mêmes. Il s'oppose ainsi à la loi qui s'impose à tous. Faire prévaloir le contrat sur la loi, c'est donc inscrire la société dans une logique de responsabilisation et d'individualisation des citoyens. [...]
[...] Ainsi le pouvoir politique, qui garantit la paix civile par la loi et le glaive, naît-il d'un acte volontaire, d'un contrat dicté par la raison. Il n'est que la condition de coexistence des forces individuelles. C'est un produit de l'art humain et non pas une institution naturelle ou divine. L'homme n'est pas sociable, c'est l'intérêt qui le pousse à s'associer. Le contrat fait accéder la multitude inorganisée à l'unité de tous en une seule personne artificielle qui les représente : le Léviathan. Chacun doit se reconnaître auteur de tout ce que celui-ci fait, concernant la paix et la sécurité commune. [...]
[...] Selon lui, la notion de contrat relève uniquement du droit privé : elle est donc adéquate pour rendre compte de la vente et de l'achat de marchandises et plus généralement des rapports de propriété. Et s'il faut s'abstenir de confondre le droit privé et le droit public, la sphère de la propriété et la sphère de la société civile, il convient également de distinguer la société civile de l'Etat. Chez Hegel, l'Etat définit non seulement l'articulation des buts individuels et des buts politiques généraux, mais aussi les relations qui existent entre chacun des individus. L'Etat est l'articulation globale de ces relations. [...]
[...] Dès qu'il est entré dans l'état social l'homme qui jusque là n'avait regardé que lui-même, se voit forcé d'agir sur d'autres principes et de consulter sa raison avant d'écouter ses penchants L'homme ne peut donc constituer un corps politique que s'il est éduqué, que s'il est capable de faire société avec ses semblables. La raison devrait lui commander de fonder sa conduite sur le respect d'autrui. Aussi la liberté que rend possible la constitution de l'Etat n'est pas l'absence de loi. Elle est autonomie détermination de la volonté par la loi qu'un être raisonnable découvre en lui-même. [...]
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