Dans le Criton, Platon met en présence Socrate emprisonné et attendant la mort et son disciple Criton venu lui proposer de s'évader. Un long dialogue s'engage entre les deux hommes autour du thème du devoir. Criton trouve injuste de voir Socrate en prison à cause de ses idées et d'accusations d'impiété qu'il estime injustifiées. Socrate lui démontre qu'il entend rester fidèle à la notion de juste qu'il défend.
[...] Par la suite, lorsque Socrate ne deviendra que le porte-parole de Platon, des récits encadrants seront mis en place de sorte que les propres paroles de Socrate soient narrées par l'ami d'un ami qui a entendu parler d'un autre ami. Ici, il s'agit in media res des propres paroles de Socrate au style direct. Phthie était la patrie d'Achille et la citation de L'Iliade renvoie au retour d'Achille dans sa maison. La citation signifie que Socrate reviendra bientôt dans sa vraie demeure, comme ce héros de la légende grecque. Le songe de Socrate. L'immortalité de l'âme est un thème récurrent dans l'œuvre de Platon : dans le Phédon, ce thème est développé plus explicitement. [...]
[...] Ceux qui deviennent des citoyens ont explicitement accepté d'obéir aux lois de la cité, et tout ce qui est entrepris pour rompre cet accord est condamnable. Cependant, en présentant les lois comme des injonctions auxquelles il faut impérativement obéir, Platon dresse le portrait de lois tyranniques. Si nous suivons l'analogie de Platon qui voient les lois comme des parents autoritaires, entre les lois et le citoyen, il y a un rapport de subordination : les lois commandent, les citoyens obéissent. La démocratie athénienne repose donc sur un contrat de soumission entre le citoyen adulte et les lois. [...]
[...] Bien que bref, le Criton est un dialogue sans plan cohérent. Platon a traduit ainsi la décision de Socrate de ne pas s'évader. Pour justifier cette décision, Platon a dû distinguer entre les lois justes, auxquelles Socrate se soumet, et le comportement injuste de ses accusateurs qui l'ont fait condamner à mort. Le problème, c'est que les accusateurs de Socrate l'ont fait condamner injustement en utilisant des lois justes. En personnifiant les lois, Platon les fait apparaître comme une entité spécifique ; en les humanisant, Socrate peut agir d'une manière injuste. [...]
[...] Tout comme on doit être disposé à donner sa vie pour la patrie plutôt que fuir en déserteur le champ de bataille, on doit être prêt à mourir si les lois l'exigent plutôt que de chercher à détruire les lois pour se sauver. Si Socrate veut éviter une exécution, il faut qu'il persuade les lois qu'elles l'ont puni injustement plutôt qu'en s'évadant il détruise les lois en ne les respectant pas. Un contrat social qui bride la liberté. Platon présente une sorte de contrat social qui lie les citoyens aux lois. Il ne faut pas assimiler cette théorie sociale du contrat avec la notion moderne et libérale du contrat social, comme chez Rousseau. [...]
[...] Criton ne comprend pas pourquoi Socrate ne fait aucun effort pour résister à son exécution alors qu'il a fait preuve d'énergie lors de son procès pour se défendre. Criton incite Socrate à accepter un plan d'évasion. S'ils n'agissent pas immédiatement, il sera bientôt trop tard. La condamnation de Socrate : la mort ou l'exil. Criton a raison de suggérer que Socrate n'a absolument rien fait pour éviter d'être exécuté. En réalité, les autorités d'Athènes n'ont pas eu l'intention de l'exécuter, mais espéraient seulement le réduire au silence ou l'exiler. Socrate pouvait éviter une telle condamnation. [...]
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