Contrainte, liberté, confinements, subir, obligation, contrainte interne, contrainte consentie, choisie, contraintes naturelles, contraintes techniques, Platon, Sartre, Hegel, Descartes, Hobbes, Rousseau, Freud, responsabilité, esclave, maître, irrationalité
Qui de mieux que nous, pour parler de la contrainte, nous qui l'avons expérimentée dans sa dimension la plus radicale lors des multiples confinements que nous avons subis ? Subie, parce que par définition, la contrainte désigne une influence externe à l'individu sur lequel elle s'exerce qui pousse cet individu à agir contre son gré. Il aurait donc a priori une attitude de passivité. Elle se distingue en ce sens de l'obligation, qui édicte ce que l'on n'a pas le droit de ne pas faire, et qui, ce faisant, reconnaît la liberté de l'individu : on oblige quelqu'un seulement parce que l'on présuppose qu'il était libre de ne pas faire ce pour quoi on l'oblige.
Mais la contrainte ne s'applique pas qu'aux individus : la contrainte est la tendance qu'a un matériau à se déformer lorsqu'on applique une force sur lui. Une force bien évidemment externe, puisque la matière ne peut pas exercer une force sur elle-même et reste dans un état dit stable. Par opposition à la matière, seul l'homme est capable de s'imposer à lui-même une contrainte par l'intermédiaire de sa volonté.
Ainsi, on pourra se demander si la contrainte est toujours l'antonyme de la liberté parce que dans ce dernier cas, on peut affirmer que la contrainte interne n'est pas une contrainte, puisque l'homme choisit de se l'imposer à lui-même.
[...] Et être responsable, c'est contraignant, et l'Homme trouve parfois refuge dans la posture de la mauvaise foi pour y échapper. Ainsi, la contrainte serait à la fois contraire à la liberté et la liberté serait une contrainte à elle-même. Au total, tout ne serait que contrainte. Heureusement, c'est une approche bien trop réductrice que l'on va s'empresser de nuancer. III. La contrainte choisie, une contrainte bénéfique La contrainte est aussi motrice et est pour l'homme un défi qui le pousse à se dépasser. Les contraintes que nous nous imposons à nous-mêmes ne sont aux antipodes de la liberté. [...]
[...] C'est ce qu'il démontre dans sa dialectique du maître et de l'esclave, où l'esclave, confronté à la dureté du réel et son lot de contraintes, parviendra à devenir un maître quand son maître, plongé dans l'oisiveté et préservé des contraintes que suppose la vie, deviendra au contraire esclave de l'irrationalité dans laquelle il est plongé. Il s'oppose ainsi à la conception du travail qu'avait Marx, qui le concevait comme une contrainte négative puisqu'il menait à l'aliénation de l'individu. Bien sûr que dans un sens plus commun, l'esclave est contraint et privé de ses libertés. [...]
[...] C'est par la contrainte que l'acceptation sera faite. Il l'appelle la tyrannie bienveillante . Ainsi, la contrainte peut ne pas toujours être négative, c'est-à-dire destructrice de liberté : on contraint parfois les individus à adopter des comportements qui leur sont favorables, l'exemple des lois est éloquent, qui sont autant de règles sous lesquelles les membres d'une société se soumettent pour pouvoir vivre en communauté et mettre fin à l'état de guerre de chacun contre chacun que dépeignait Hobbes dans Le Léviathan, ou plus généralement faire cesser l'état de nature instable par l'établissement de ce que les contractualistes appellent un contrat social. [...]
[...] La contrainte est-elle toujours l'antonyme de la liberté ? La contrainte Qui de mieux que nous pour parler de la contrainte, nous qui l'avons expérimenté dans sa dimension la plus radicale lors des multiples confinements que nous avons subis. Subie, parce que par définition, la contrainte désigne une influence externe à l'individu sur lequel elle s'exerce, qui pousse cet individu à agir contre son gré. Il aurait donc a priori une attitude de passivité. Elle se distingue en ce sens de l'obligation, qui édicte ce que l'on n'a pas le droit de ne pas faire, et qui, ce faisant, reconnaît la liberté de l'individu : on oblige quelqu'un seulement parce que l'on présuppose qu'il était libre de ne pas faire ce pour quoi on l'oblige. [...]
[...] La contrainte peut réduire la liberté La volonté humaine et l'irrationalité de ses désirs rencontrent toujours l'impossibilité de tous les réaliser dans le concret, confrontée aux contraintes naturelles tout d'abord (nous sommes incarnés dans un corps qui, certes nous permettant d'exister, est contraint par les limites de ses propres capacités). Le corps est une prison pour l'âme pour reprendre l'expression de Platon si on aborde l'Homme comme lui dans une approche dualiste. Mais l'homme est aussi contraint d'exister (a-t-on le choix de vivre ? [...]
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