« Pourquoi cet être est-il tel et non autrement ? », « Pourrait-il y avoir autre chose que ce qui est ? » « S'il y a des possibles qui ne s'actualisent pas, étaient-ils impossibles ou leur actualisation aurait-elle pu tout aussi bien être ? » « Y aura-t-il ou n'y aura-t-il pas demain une bataille navale ? » : ces questions renvoient toutes à la notion de contingence. Au-delà des différentes temporalités et affirmations ou négations qu'elles mettent en œuvre, il semble qu'elles ne parlent en fait pas toutes de la même chose, mais que la notion de contingence touche des problèmes variés (problème métaphysique, problème logique, problème pratique (la liberté), problème de la connaissance (si notre rapport à l'être est placé sous le signe de la contingence, qu'en est-il de notre pensée ?)) ce qui pose la question de l'unité de cette notion. De ces quatre questions, nous traiterons en priorité la première, car il semble que les autres en découlent, comme le tronc métaphysique supporte les différentes branches, pour reprendre l'image de Descartes. Cette question pourrait, dans un premier temps, se formuler tout simplement ainsi : « Y a-t-il de la contingence (dans le monde) ? », ou plus précisément la véritable question sur ce point étant : « la contingence est-elle l'indifférence ? ». On la formule ensuite traditionnellement ainsi : « Quel est le mode d'être de la contingence : est-elle une modalité de l'être ou du discours seul ? ». De la réponse à cette question semble découler tout un système de possibles et de libertés, d'indéterminations et de futurs, d'être et de néant. Peut-il y avoir une autre question ? Oui, s'il est possible de « déterminer » la pensée de la contingence, de montrer les présupposés et les positions qu'elle met en jeu et qui la supportent, bref de poser la question : « Penser la contingence, c'est penser quoi ? Et cette pensée est-elle pertinente ? Que pensons nous vraiment quand nous pensons la contingence ? Pensons nous la pensée divine, cette contingence comme forme pure déterminée par Dieu ? Pensons nous la forme même du monde ? La forme même du réel ? Et, finalement, pensons nous vraiment quelque chose, ou encore pensons-nous quelque chose de pensable ?
[...] Mais quels possibles vont se réaliser ? Avec cette question, nous entrons dans le problème métaphysique que constitue la contingence. A cette question Leibniz, qui a placé le problème de la contingence au cœur de sa philosophie, a réfléchi toute sa vie. Sa réponse est la suivante : la contingence n'a pas le caractère de l'indifférence. La contingence est ce qui opère dans le possible selon le principe de raison, ou principe du meilleur. Elle demeure contingente car elle s'oppose toujours au nécessaire : les autres possibles demeurent possibles en eux-mêmes, mais ils n'arriveront pas, car ce n'est pas [leur] impossibilité, mais [leur] imperfection qui [les] fait rejeter (Discours de Métaphysique, article XIII). [...]
[...] De la réponse à cette question semble découler tout un système de possibles et de libertés, d'indéterminations et de futurs, d'être et de néant. Peut-il y avoir une autre question ? Oui, s'il est possible de déterminer la pensée de la contingence, de montrer les présupposés et les positions qu'elle met en jeu et qui la supportent, bref de poser la question : Penser la contingence, c'est penser quoi ? Et cette pensée est-elle pertinente ? Que pensons nous vraiment quand nous pensons la contingence ? Pensons nous la pensée divine, cette contingence comme forme pure déterminée par Dieu ? [...]
[...] En tant que projet, il crée la justification de tout système partiel, mais de ce fait ne peut jamais se justifier lui- même (Cahiers pour une morale, p 22). [...]
[...] Le problème de la contingence n'est que du négatif. Dans le deuxième cas, celui de la sphère extérieure, il se produit comme un mixe de nécessité et de contingence, un certain dosage (dialectique) par lequel l'un et l'autre coexistent et ont chacun un rôle actif, le tout devant décrire la chose telle qu'elle est produite et telle qu'elle est. On introduit ici une dose de contingence pour compenser le poids plus fort de la nécessité dans notre description : nous cherchons à retrouver par ce jeu de concepts la coïncidence et l'unité qui existent dans la chose même. [...]
[...] Si en effet la possibilité n'est pas donnée d'abord comme structure objective des êtres ou d'un être particulier, la pensée, de quelque façon qu'on l'envisage, ne saurait enfermer en elle le possible comme son contenu de pensée (l'être et le néant, p 135). Mais comme la pensée de la contingence vient avant cet argument, comme une présupposition, on pourrait tenir le même raisonnement pour la nécessité. Ce qui renforce finalement notre thèse : en tant que nous sommes au monde, nous ne pouvons savoir si le monde est contingent ou nécessaire. [...]
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