Conscience, conscience de soi, réfléchie, alter ego, autrui, Bergson, Spinoza, Hegel, Descartes, Sartre, Smith, Merleau-Ponty, Freud, Nietzsche, Marx, sensibilité, ressenti, communication, vie sociale, affections
Autrui joue-t-il un rôle dans la conscience que j'ai de moi-même ? Il semble que la conscience de soi soit une affaire subjective, je suis le seul à accéder à ma conscience, par l'introspection je prends conscience de mes états intérieurs et de moi-même, la conscience de soi se révèle même être la première certitude à laquelle j'accède contrairement à l'existence d'autrui dont on peut toujours douter. Je n'ai donc pas besoin d'autrui pour prendre conscience de moi-même et autrui ne semble pas pouvoir m'aider sur ce sujet puisque je suis le seul à avoir accès à mon intériorité et mes états internes (ressentis, pensées...).
Néanmoins, si autrui ne peut accéder à notre intériorité, à notre vécu intérieur, il peut m'observer de l'extérieur et juger de mes états et actes, c'est là qu'autrui semble pouvoir jouer un rôle. Autrui ne peut-il me faire prendre conscience de certains aspects de moi-même et qui ne sauraient se manifester dans la solitude de la conscience pensante ? N'est-ce pas par la médiation du regard d'autrui que je peux me reconnaître et me juger moi-même ? Enfin, la conscience morale de soi ne suppose-t-elle pas un rapport à autrui pour se développer ? Autrui participerait donc à la conscience que j'ai de moi-même, notamment à la conscience morale.
[...] Smith prend l'exemple d'un individu qui aurait grandi seul et isolé des autres hommes. Cet individu n'aurait pas de conscience de lui-même ni de conscience morale, car il lui manque le miroir par lequel il peut prendre conscience de lui et développer sa moralité. Ce miroir est exclusivement fourni par la vie sociale, car c'est le regard d'autrui.Le regard d'autrui est la condition du regard sur soi. L'homme isolé est amoral, il ne fait pas attention à lui-même, il est entièrement dirigé par ses instincts et attiré par l'extérieur. [...]
[...] En tant que thérapeute, il peut également m'aider à prendre conscience de mes blocages inconscients qui troublent mon comportement.À travers son regard jugeant, autrui apparaît même comme la condition de possibilité de la conscience morale, et donc du jugement moral sur soi. Sa présence me permet d'acquérir la capacité d'être le propre juge de mes actes et de mes intentions.La conscience de soi est également indirectement influencée par la vie sociétale dans laquelle nous vivons, que ce soit à travers les représentations collectives, ou les règles sociales et morales pour vivre-ensemble, la socialisation influence et le modèle en partie la conscience de soi. [...]
[...] Comme la communication présuppose la présence d'autrui . Autrui est donc une condition de possibilité de la conscience de soi.Nietzsche écrit dans Le Gai Savoir, que la conscience s'est développée sous la pression du besoin de communiquer avec autrui parce que l'être humain ne pouvait se suffire à lui-même. C'est parce que l'homme avait besoin de demander de l'aide donc de communiquer . qu'il a été amené à prendre conscience de ses limites et de ses besoins . pour ensuite pouvoir les communiquer à autrui.La conscience de soi (de son intériorité à travers ses limites et ses besoins) implique donc originellement la présence d'autrui et le besoin de communiquer avec autrui, afin d'obtenir son soutien. [...]
[...] Ainsi, la conscience de soi est relative à chacun. Autrui ne semble donc pas intervenir dans la conscience que j'ai de moi-même, elle m'apparaît intimement et subjectivement.2. Néanmoins, autrui, par son regard extérieur, ne me fait-il pas prendre conscience de certains aspects de moi-même ? Autrui ne permet-il pas le développement moral de la conscience de soi ? Enfin, il semble également que le dialogue avec l'alter ego puisse être un moyen pour prendre conscience de soi-même et pour révéler des informations sur nous-mêmes que nous ignorons.3. [...]
[...] Le regard d'autrui joue le rôle d'un effet miroir : par un retour réflexif, je peux me voir et me juger dans ses yeux.C'est pour ça qu'autrui est « médiateur entre moi et moi-même » : Il me met à distance de moi (il me sort de mon action et me fait l'objet de perception) et me permet à travers son regard de prendre conscience de moi-même et de me juger.Sartre illustre ce phénomène dans l'exemple de la honte : pris dans l'action, je n'ai pas toujours conscience de ce que je fais, je suis dans l'action, je fais, la réflexion précède ou suis, mais quand la conscience est active, elle n'est pas réfléchie.Le regard d'autrui me détache de moi-même et me fait prendre conscience de mon acte. Autrui me révèle à moi-même, son regard me réfléchit mon acte et me fait réfléchir à ma conduite . ainsi, je me reconnais comme honteux via son regard. [...]
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