Il n'est pas rare d'entendre prononcer, dans le discours médiatique ou populaire qui accompagne, par exemple, le déroulement du procès d'un crime particulièrement horrible, la notion de « bestialité » : le criminel, jugé coupable d'un acte qui défie toutes les lois morales de la société, telles que le viol ou le meurtre d'un enfant, est alors assimilé de l'avis général à un « animal », ayant cédé à son instinct primitif et sanguinaire. Il est vrai que c'est dans la Nature, et plus précisément dans le règne animal, que nous trouvons le plus directement des exemples d' « actions instinctives », dénuées de toute réflexion liminaire associée à la dichotomie du bien et du mal ; il est également vrai que cette réflexion et cette dichotomie sont exclusivement propres à l'Homme, et qu'il en est pour ainsi dire le « concepteur ».
Pourtant, d'après notre exemple, aucune des deux ne permet visiblement d'empêcher de manière définitive l'Homme d'agir, dans une certaine mesure, « comme un animal » ; on peut dès lors légitimement se demander si la conscience de soi situe réellement l'Homme en dehors de la Nature.
[...] En effet, cette terminologie, à l'origine, définit, ni plus ni moins, des organismes vivants hétérotrophes, c'est-à-dire se nourrissant de matière organique. D'un point de vue strictement biologique, l'Homme ne serait donc pas différent de l'animal, il serait simplement un animal différent ; différent car doué de cette faculté supplémentaire que constitue justement la conscience de soi, qui introduit la raison et la réflexion là où partout dans le règne animal tout n'est que le fruit de l'instinct ; un animal supérieur en somme. [...]
[...] La conscience de soi situe-t-elle l'Homme hors de la Nature ? Il n'est pas rare d'entendre prononcer, dans le discours médiatique ou populaire qui accompagne, par exemple, le déroulement du procès d'un crime particulièrement horrible, la notion de bestialité : le criminel, jugé coupable d'un acte qui défie toutes les lois morales de la société, tel que le viol ou le meurtre d'un enfant, est alors assimilé de l'avis général à un animal ayant cédé à son instinct primitif et sanguinaire. [...]
[...] La conscience de soi ne permet donc pas, du point de vue de la biologie, de situer l'Homme hors du règne animal, et à plus forte raison de la Nature ; elle lui accorde indéniablement, en revanche, une position supérieure dans la hiérarchie naturelle de l'évolution. Cet homme au sommet de l'évolution animale, ni plus ni moins, c'est l' homme-animal qu'évoque Nietzsche ; l'homme actuel, civilisé, ne serait que le fruit d'un raffinement, d'un polissage de ce qui était brutal et violent chez l'homme primitif, mais non pas foncièrement différent de celui-ci, dans sa nature première d'animal. [...]
[...] Proche en ceci de la théorie darwiniste, Nietzsche considère le caractère moral de l'Homme comme un prolongement direct de l'évolution naturelle, et réfute toute idée d'une inspiration supérieure à l'origine de ce dernier ; la conscience de soi ne dissocie donc absolument pas dans la conception nietzschéenne l'Homme de la Nature, dont il fait, au titre de simple animal supérieurement évolué, partie intégrante. [...]
[...] Dans cette optique, et du strict point de vue biologique, si la lignée humaine est aujourd'hui située au sommet de l'évolution selon les théories phylogéniques, et occupe en cela une place tout à fait particulière vis-à-vis du reste du règne animal, il n'en reste pas moins qu'elle appartient tout de même à ce règne animal. Il existe donc un réel questionnement autour de la situation de l'espèce humaine : il apparaît difficile, après huit millions d'années d'une évolution unique, de rapprocher l'Homme du reste du règne animal, quand celui-ci a même appris à regarder le Chimpanzé, son plus proche parent, avec qui il partage tout de même plus de 98% de son patrimoine génétique, avec un regard si supérieur et distancié, celui du maître pour l'animal domestiqué. [...]
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