« Connais-toi toi-même. », pouvait-on lire sur le fronton du temple grec de Delphes. La conscience qu'un individu peut avoir de lui-même et de sa personnalité a toujours constitué un des enjeux majeurs de la réflexion philosophique. La conscience de soi pourrait se définir comme l'intuition immédiate et permanente (du moins tant que nous sommes éveillés) de notre vie intérieure, la capacité que nous avons à être conscients de nos sentiments, de nos désirs. Mais chacun se connaît plus ou moins bien, a plus ou moins conscience de sa personnalité. Dès lors, nous pouvons nous demander si la conscience de soi se doit de tendre vers une harmonie temporelle et une exhaustivité qui constitueraient un modèle différent pour chaque être ; ou si la conscience doit s'inscrire dans une dynamique de reconstruction permanente, et au cœur des relations avec autrui ; et si finalement la conscience peut arriver à atteindre cette perfection. Ainsi, l'existence de la conscience de soi peut se formuler de la sorte : « la conscience de soi doit-elle être un idéal ? ».
[...] Ils sont nécessaires la conscience pour son bon fonctionnement. Nous pouvons ainsi poursuivre la réflexion d'Henry Ey, qui nous rappelle dans sa structure de l'être pensant, que la conscience est inscrite dans le monde, puisque le monde d'autrui entre dans sa constitution. Dès lors, il est vital pour la conscience qu'elle puisse se confronter aux consciences des autres ; elle doit se constituer comme modèle du monde. Atteindre un idéal pour la conscience, ce serait refuser d'en prendre d'autres pour modèle, et donc de se nourrir du monde extérieur. [...]
[...] En effet, nous rejoignons Jean-Paul Sartre sur sa thèse selon laquelle il affirme que si l'on introduit le moi dans la conscience, on fait apparaître un centre d'opacité on la fige, et la conscience ne peut plus être intentionnalité, ou comme dit Sartre, éclatement On ne saurait introduire le moi dans la conscience sans la rendre obscure par elle-même. La conscience de soi ne doit pas atteindre l'exhaustivité, au risque de nuire à la conscience en général. L'idéal pourrait bien sûr se définir comme une entité où tout est harmonie, et continuité : l'idéal ayant atteint la perfection, on n'y a plus rien à chercher, à désirer, puisque tout y est directement présent. [...]
[...] Cependant, même si l'idéal peut parfois apparaître comme bénéfique à la conscience, celle-ci peut-elle l'atteindre ? Au-delà de savoir si la conscience de soi est un idéal, il apparaît que de nombreux facteurs existent, l'empêchent d'atteindre cet idéal : il ne faut pas omettre que celui-ci est et reste une notion, un fait imaginaire. Tout d'abord, on ne saurait nier l'hypothèse d'un inconscient psychique. En effet il nous faut admettre qu'une large partie de notre conscience nous reste inconnue, il nous est donc impossible d'affirmer Je me connais parfaitement. [...]
[...] La vie courante nous livre chaque jour des analogies très simples : un enfant désire ardemment un jouet, va forcer ses parents à l'acheter, et dès qu'il l'obtiendra, s'en désintéressera. Comment dès lors la conscience de soi peut-elle continuer à être si elle atteint l'idéal ? Le désir, qui est son essence même, s'en trouverait comblé, et par là même, anéanti : la conscience de soi ne pourrait plus exister. Ainsi, l'idéal apparaît dangereux pour la conscience, puisqu'il la priverait de désirs, donc d'existence. [...]
[...] Dès lors, si la conscience de soi atteignait cet idéal, elle s'en retrouverait fatalement fermée sur elle- même. L'individu souffrirait d'un trop gros égocentrisme, il ne pourrait plus communiquer correctement avec les autres. Puisqu'il a atteint son propre idéal, pourquoi alors aller le confronter avec d'autres points de vue ? Cela aurait pour l'individu des conséquences dramatiques, puisqu'il ne s'occuperait plus, dès lors, que de lui. Et pourtant, nous pensons avec Henry y que la conscience ne constitue pas comme produit de l'Ego La vie quotidienne ne nous en livre que trop d'exemples : quelqu'un dont le but serait de se connaître parfaitement en occulterait les autres : il deviendrait l'unique objet de ses pensées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture